L'histoire :
David Soho, alias Boozer, un suicide-trooper de l'armée en pré-retraite, s'est reconverti en tant que dépanneur dans un coin de désert martien, c'est à dire là où il n'y a jamais personne à dépanner. Sa vie bascule le jour où une créature monstrueuse non répertoriée se met à faire des ravages alentours. Au départ, seuls quelques « afridiens » disparaissent, mais ça n'est pas grave : cette ethnie génétiquement créée pour les premiers temps de la terra-formation martienne, pâtit désormais d'une virulente ségrégation. Or, dernièrement, ces « hydres » qui semblent invulnérables ont été lâchées en pleine zone urbaine, causant un véritable massacre. Pour agir, Boozer a du s'allier avec une diplomate diamétralement opposée à son caractère désinvolte et frondeur, Donna Mc Spayne, d'origine « afridienne ». D'autre part, il s'est aperçu peu à peu que l'administration dont il dépend, personnalisée par le dénommé Hancock, est non-officiellement liée à l'existence de ces créatures. Il ignore encore la nature des machiavéliques desseins d'« Arès », le mystérieux propriétaire des bestioles, mais lui et Donna, malgré leurs dissensions, sont bien décidés à dénoncer le scandale et mettre un terme aux ravages provoqués par ces hydres. Capturés et emmenés pour être certainement exécutés sommairement, Boozer et Dana trouvent alors une alliée providentielle parmi l'élite militaire martienne : Tracy Donovan, ancienne partenaire suicide-trooper de Boozer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il aura fallu attendre le 3e et dernier volet pour que cette série B de science-fiction (option « strygienne ») tienne toutes ses promesses. D'une part, le crayonné d'Alexis Sentenac, saturé sur le premier tome, un peu diaphane sur le second, trouve enfin le juste contraste. En outre, le trait du dessinateur progresse (pas la couleur) : il commence à se roder, en terme de cadrage, de régularités, même si une certaine marge de progrès demeure au niveau des proportions (certains visages écrasés...). Même s'il ne révolutionne pas le genre, le décorum de SF est quant à lui tangible et plaisant (avec une jolie case géante, pleine page 47). Surtout, Eric Corbeyran délivre enfin toutes les clés du scénario de son thriller politico-humoristico futuriste aux accents d'Alien (la série ciné), rendant cet épisode le plus intéressant de la trilogie. Peut-être, d'ailleurs, ce dénouement était-il initialement prévu pour couvrir deux tomes, tant les rebondissements et les révélations sont denses (sur 54 planches). Certes, cet ultime volet se cantonne volontairement au registre de la série B de science-fiction. Notamment, les relations tumultueuses entre les héros, ainsi que leurs répliques choc, nous le rappellent à chaque page. Les vannes méga-lourdes de boozer, la niaise déférence du robot Jean-Clone dé-mandibulé (sic), sont autant de répliques super drôles pour les amateurs de second degré. Et bien sûr, enfin, la jonction avec les Stryges a lieu. Elle est légère, ne nécessite aucune connaissance des séries associées pour être compréhensible, mais se révèle parfaitement fondatrice de l'intrigue. Finalement, on en reprendrait bien une louche !