L'histoire :
Alfred se remémore ses souvenirs personnels, ces instants en apparence anodins, mais qui ont été des bascules dans sa vie. Un souvenir en entraînant un autre, il plonge dans sa tête, dans son cheminement, qu'il traduit en dessins.
Il se rappelle ce jour de mars 2021, à Naples, alors qu'il est avec sa fille. Il a rendez-vous sur le tournage de Come Prima, avec l'équipe du film pour les scènes de nuit. Mais dans le taxi, il est complètement perdu. Dans ce port, tout se ressemble. Il panique. Il n'arrive pas à joindre l'équipe de tournage. Le chauffeur s'agace et, à sa grande surprise, sa fille prend les devants. Ils sortent du taxi et elle part en tête. Lui est toujours perdu. Il la voit devant lui, sa petite fille, qui inverse les rôles et le prend sous son aile. Il se laisse guider et quelques centaines de mètres plus loin, elle réussit à atteindre leur objectif.
En novembre 2007, il est à Djibouti, seul, pour mener des ateliers de dessin dans des écoles isolées. C'est la première fois qu'il vient en Afrique. Il est très occupé et il n'a pas toujours le temps de donner de ses nouvelles, ni d'en recevoir de France, car la connexion n'est pas bonne partout. Ce jour-là, il peut accéder à un ordinateur connecté à Internet : le directeur d'une école lui laisse sa place. Au milieu de mails anodins, il y en a un de sa compagne, qui dit simplement « c'est parti l'aventure ! » Il sort dehors, il a compris. Devant lui, des dizaines d'enfants, à qui il annonce qu'il va être papa, et qui sautent de joie pour accueillir cette nouvelle vie à venir !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alfred a l'habitude de plonger dans ses souvenirs pour en faire des récits, pour s'inspirer. C'est encore le cas avec ce petit ouvrage, mais cette fois-ci de façon plus introspective et personnelle. Il couche sur le papier des souvenirs indélébiles, qui ont fait basculer sa vie pour diverses raisons, qui l'ont marqué. Il s'en rappelle, chemine, pense à un souvenir, puis à un autre, et il en fait de petits récits, qui s'emboîtent et créent Les jardins invisibles. On y re-découvre son lien fort avec l'Italie, cette ambiance et ces paysages qui lui sont chers. On observe le lien qu'il tisse avec sa fille, en tant que père. On comprend l'envers du décor de dessinateur de bande dessinée. Comment lui sont venues certaines idées qui ont ensuite donné des livres, des œuvres telles que Senso ou Maltempo. On ressent son lien viscéral au dessin, ce besoin d'avoir un crayon dans la main, de faire des croquis, mais aussi les bascules, la saturation, l'impossibilité de dessiner parfois... Le lecteur découvre Alfred enfant, adolescent, adulte, père, auteur : les multiples facettes qui font ce qu'il est. L'auteur le dit en début d'album, il dessine ses souvenirs pour ne pas oublier et ne pas être oublié. Cette filiation, cette transmission sont palpables. Son dessin est simple, efficace. Il va à l'essentiel, presque comme dans un carnet de croquis. Il est ancré dans l'instant, nous fait ressentir des émotions. Cet ouvrage touchant fera certainement écho aux souvenirs individuels des lecteurs, qui pourront eux-mêmes vagabonder avec Alfred et se laisser porter par leur mémoire.