L'histoire :
Dans un Paris du Second Empire aux accents sombres et gothiques, un gamin vient chercher de l’aide auprès de Stanislas Andrzej, un jeune scientifique, parfois détective pour arrondir ses fins de mois. Il cherche des explications à la disparition de sa sœur, devenue presque une mère pour lui à la mort successive de sa mère, puis de son père. La police a, elle, déjà classé l’affaire ; les jeunes femmes qui s’évaporent sont monnaie courante dans la capitale, que ce soit à la suite de grossesses non désirées ou des fuites amoureuses… Si tout prête à croire en une fugue préméditée de la jeune femme, les premières informations recueillies par notre détective laissent penser en une bien plus grande énigme. Accompagné de son frère, Stanislas parcourt la ville pour percer ses mystères. Ils pourront compter sur l’aide d’un groupuscule de savants humanistes pour surmonter les risques et dangers qui se présentent progressivement sur leur quête de vérité. Ils découvriront bien rapidement que la vérité dépasse bien souvent leur rationalité et leurs croyances.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alexie Durand et Sylvain Ferret nous proposent à leur manière leur Sherlock et Watson, dans un décor ténébreux aux élans mystiques et surnaturels. Frères d’adoption, les deux héros affichent rapidement leur complicité comme leurs désaccords et notamment leur différence de caractère. On devine sans aucun doute la volonté des auteurs de construire un récit au long cours, qui développe autant la personnalité des personnages qu’une intrigue qui se veut déroutante avec de nombreux rebondissements, baignée dans une atmosphère d’émulsion scientifique. On apprécie la construction d’un monde à la fois cohérent historiquement, mais laissant la part-belle à la fiction. Les décors de Sylvain Ferret apportent un côté majestueux à l’enquête, alors que le découpage cherche à imposer une dynamique. On peut néanmoins regretter certaines mises en scène et la multiplicité des personnages. Le récit réussit à captiver l’attention par son étrangeté. Petit à petit, le lecteur progresse, avec nos deux acolytes dans les entrailles de Paris. L’intrigue propose ainsi l’affrontement entre deux organisations opposées, tournées apparemment toutes deux vers le progrès scientifique et humain. Pour autant, l’une d’entre elle n’hésite pas à braver certains interdits pour ses expérimentations. A croire que le progrès passe nécessairement par le dépassement de limites éthiques et légales. Métamorphoses 1858 semble poser des fondements scénaristiques et graphiques prometteurs, même s’ils restent à être confirmées dans les prochains albums par un récit clair et divertissant.