L'histoire :
Sur les quais de la Seine, Filochard et Ribouldingue picolent gentiment tandis que Croquignol s’énerve après un pauvre bougre intermittent du spectacle qui joue les statues de la liberté pour gagner son pain. L’énervement n’est pourtant pas une caractéristique habituelle de leur compagnon. Aussi, Filochard et Ribouldingue lui proposent-ils d’aller voir la grande bleue. Valoches en mains, les voila donc dans le TGV, histoire de se requinquer. Pourtant, bien vite, Croquignol ne pense plus à s’encroûter dans une quelconque station balnéaire pour faire l’écrevisse sur le sable fin. S’il accompagne ses copains sur la côte, c’est avant tout parce qu’il imagine qu’au bord de la mer, les pigeons roucoulent à foison. Et pour en apporter la preuve à ses copains, il propose de se faire la main illico dans le train. Bien vite, il doit pourtant se faire une raison : le génie de l’escroquerie semble l’avoir gentiment déserté. Il doit d’ailleurs son salut à l’intervention de Filochard qui réussit à faire arrêter le train en pleine campagne pour éviter de subir la justice des contrôleurs et des autres passagers. Le trio ne demande pas son reste et débarque au milieu de quelques hectares de vignes. C’est justement l’heure des vendanges…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tandis que d’autres « repreneurs » surfent sur la vague électorale présidentielle pour alimenter les nouvelles aventures du célèbre trio de filous imaginé par Louis Forton, le tandem Trap-Oiry, quant à lui, leur fait prendre l’air. Domaines viticoles français puis Congo surchauffé tentent ainsi de mettre un frein à la sinistrose qui gagne nos compères, et en particulier le plus élancé des trois, Croquignol. L’occasion est aussi donnée – en un parfait respect de la série originelle – d’évider le fil de l’actualité en une douce (hyper-gentille, même !) satyre socio-politique, prétexte à caricatures et grosse marrade. Après la crise du logement et le tout écolo, c’est l’expulsion des sans-papiers et son cortège de centres de rétention, de départs en avion (etc.), qui alimentent le propos. Une opportunité, en tout cas, de mettre comme à l’ancienne en mouvements le parfait mécanisme du road-movie turbulent émaillé de petites escroqueries et de lourdes déconvenues. Si le tempo est respecté et le verbe habilement fleuri, on regrettera peut-être que l’ensemble pantoufle un brin, sans véritable mordant ou coups « pieds nickelesques » géniaux, arrachant rire et faisant rebondir le scénario avec jubilation. Pourtant, l’idée de présenter un Croquignol en mal d’inspiration était plutôt bien sentie... mais elle se dilue trop rapidement. Idem pour les amours de Ribouldingue avec la plantureuse Manounou qui pimentent un chouya l’exercice, en un clin d’œil déjà exploité (par Pellos) et réexploité, mais ne produit pas l’effet recherché chez les amateurs du trio. Enfin, l’idée de voir les arroseurs arrosés en se faisant arnaquer à gogo au Congo est plutôt savoureuse, mais elle lasse rapidement. Stéphane Oiry produit quant à lui une nouvelle partition sérieuse, moderne et parfaitement en accord avec l’esprit de la série.