L'histoire :
A la veille de la Noël 1476, quand Galéas Marie Sforza, duc de Milan, considéré par beaucoup comme un tyran, est assassiné par les adeptes de la République, son héritier, Jean Galéas Sforza, n’a que 7 ans. Il faut donc assurer la régence aux côtés de la duchesse Bonne de Savoie. Ce sont les trois frères du défunt qui s’en assureront, dont Ludivico Le More, le conseiller de Catherine, la fille bâtarde du duc, à peine âgée de 14 ans, et qui attend depuis 4 années son mariage avec Girolamo Riaro, seigneur d’Imola et de Forli et neveux du pape Sixte IV. Ludivico lui rappelle alors « le jeu des 5 » qui, de tout temps, a régi le contrôle de l’Italie, entre Venise, Florence, Gênes, Milan et la papauté. En somme, il faut être trois alliés au minimum, pour remporter la partie contre les autres. Aujourd’hui, c’est à Milan de faire basculer les forces, soit avec Gênes et le pape, soit avec Florence et Venise. Et en épousant le seigneur d’Imola dont les terres ont été achetées par le pape, au grand dam des Médicis, les banquiers florentins, Catherine Sforza entre dans le jeu, en tant qu’alliée des Médicis. Elle a alors 18 ans et rejoint enfin son époux, capitaine général de l’église de Rome. Mais à la mort du pape, les troubles entre les Orsini, partisans du pape, et les Colonna, mettent la ville sainte à feu et à sang. Alors Catherine, désobéissant à son époux assiégé, lève son armée pour le soutenir. Et après négociation, le nouveau pape lui accorde, à elle et son mari, la garantie de conserver tous leurs biens. Mais en coulisse, les intrigues continuent, désormais avec la coalition du nouveau pape, avec Florence et Venise. Alors Catherine s’en va négocier une alliance politique avec Laurent de Médicis, car cette lionne ne se laissera jamais dompter.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la plus pure tradition des intrigues médiévales de l’Italie du XVème siècle, il fallait avoir une certaine audace pour nous offrir le destin d’une comtesse, quasi inconnue, et naviguant aux cœurs de tourments politiques entre grandes familles. Et pourtant, les auteurs y sont parvenus avec succès, tant cette première partie s’avère limpide et agréable à dévorer. Il faut avouer que les ingrédients sont de très bon niveau, avec ce qu’il faut d’intrigues, de complots, d’assassinats et de chasses au sanglier, comme seul le Moyen-âge (et la Renaissance) savai(en)t nous en offrir. Rajoutez à cela une héroïne fort jeune et belle, avec un caractère bien trempé, au milieu d’un monde d’homme, et vous obtiendrez facilement une bonne histoire de « reine de sang ». Mais si ce n’est pas toujours convainquant, Jean-Pierre Pécau et Gabrielle Parma réussissent à ne pas nous perdre en route, un gros risque avec tous ces noms de familles italiennes, avec une histoire très linéaire, sans « tartines » de texte. Tout est fluide et assez facilement compréhensible, même si le dessin de Gabrielle Parma semble parfois stagner depuis les excellents Castillon et le premier volume de Constance d’Antioche. Ici, le duc Galéas Marie Sforza ressemble à s’y méprendre au Renaud de Châtillon aperçu dans le deuxième volume de Constance d’Antioche ; et Catherine dévoile des traits parfois peu avantageux, alors que sa beauté était vantée de toutes et tous. Pour autant, nous ne renierons pas notre plaisir au sortir de cet album, parfaitement imagé, entre décors, couleurs et personnages d’un très bon niveau. Les passionnés d’Histoire en redemandent !