L'histoire :
Après sa jeunesse violente dans le Bronx et son ascension au sein de la pègre new-yorkaise, Dutch Schultz est au sommet de sa gloire. Il régit la loterie de Harlem, puis étend sa mainmise à toutes les loteries de la ville, et s’apprête à présent à en décupler les gains grâce à une astuce statistique de grande ampleur. Son bras droit Georges Weinberg confie d’ailleurs à ce sujet « C’est comme de gagner au loto tous les jours ! ». Pourtant, cette apogée du « Hollandais » marque également le début de ses ennuis. Ayant en tête le souvenir indélébile d’une fraude électorale organisée par Schultz, un procureur incorruptible du nom de Thomas Dewey le prend pour cible unique, n’ayant de cesse de le faire tomber. Pour ce faire, il l’accuse premièrement de fraude fiscale sur les années de prohibition durant lesquelles Schultz a construit son empire. Après bien des rebondissements et nombre de corruptions de témoins, ce dernier bénéficie pourtant d’un non-lieu : en effet, comment l’état ose t-il tenter de récupérer un impôt sur les bénéfices d’une activité qu’il a alors lui-même taxée d’illégalité ? Mais Dewey n’a pas dit son dernier mot et les procès s’enchaînent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Par définition, il est plus difficile de s’attacher à un personnage négatif. C’est ici le cas, avec le baron de la pègre Dutch Schultz, extrêmement violent, pingre, manipulateur et malhonnête dans tous les compartiments du caractère. Sitôt la déchéance annoncé par David Chauvel, on se réjouit alors d’assister à un déclin moralement mérité, avec pour point d’intérêt central le mécanisme juridique qui s’acharne sur lui. Ce dernier prend en effet la tournure de procès successifs, desquels Schultz se relève à chaque fois plus amoindri, jusqu’à la sentence finale prononcée par ses pairs. Cette finalité de justice joue pleinement sur la concentration du lecteur : ce second volet s’avale d’une traite (par rapport au premier, pâtissant d’un morcellement plus fastidieux). En tous cas, le dessin de la Saëc – qui ne peaufine pas les faciès de ses personnages, au point qu’on les confond tous un peu – se fait plus lisible. Dernier détail graphique concernant le nouveau format de cette histoire du crime organisé (le prolongement des 10 tomes de Ce qui est à nous) : les couvertures ! Jusqu’à présent illustrées par Le Saëc et présentant trois personnages centraux desdits albums, les visuels de couverture sont désormais réalisés par Thomas Ehrtsmann. Sur un style figuratif plutôt réussi, Ehrtsmann dépeint des scènes à la fois symboliques et générales, mais qui n’ont pas grand-chose à voir avec le trait de Le Saëc…