L'histoire :
Une petite ville italienne de bord de mer vit au rythme des générations qui se croisent et se connaissent. Mimmo, sur sa vespa, avec sa guitare en bandoulière, va retrouver Cesare avec qui il a monté un groupe. Il croise deux gamins qui se battent pour rien, une vieille dame qui lui donne un petit bonbon pour le remercier d'avoir porté ses courses. Et les trois filles de son âge, avec la belle Alba dont le regard et l'assurance lui font perdre ses moyens. Il va annoncer à ses potes musiciens qu'il faut absolument reprendre les répétitions car, dans quelques semaines, le casting pour la plus célèbre émission TV musicale va avoir lieu ici, chez eux. Une occasion unique de quitter la monotonie de leur petite bourgade où il ne se passe jamais rien. Mimmo fait le tour des musiciens, en commençant par Guido, le bassiste. Un garçon un peu ténébreux, auréolé d'une réputation de tombeur qu'il entretient volontiers. Répéter avec lui ne va pas être simple, il a presque tous les soirs des rendez-vous secrets. Cesare est le chanteur, carrément bohème avec de grands yeux où se voient les effets des joints qu'il fume. Il est partant pour tenter le coup. Il va donc falloir convaincre Mauro, un homme qui leur prêtait une sorte de hangar, de les laisser venir jouer à nouveau chez lui. Lorsqu'ils lui rendent visite, ils tombent sur un type assez louche, dont ils comprennent très vite qu'ils n'auraient pas du le croiser. C'est le premier des obstacles qu'ils vont rencontrer sur le chemin du casting.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au bout de quelques pages, quelques rencontres rapides avec des gamins et une vieille dame, et des plans larges sur les rues et les quartiers de la ville, le décor est planté. On assiste à un spectacle amusant où les protagonistes dévoilent de petits traits de caractère, tandis que la vie de la petite ville est incarnée par des éléments extérieurs, comme l'improbable fou du village qui se balade dans un déguisement de cheval. Tout semble léger et amusant, même si la scène d'ouverture du livre ne s'explique pas immédiatement. Et puis lorsque la première contrariété apparait, l'innocence du village est un peu remise en cause. L'aventure toute simple va devenir plus complexe, tandis que les personnages continuent de révéler leurs personnalités, moins évidentes également. Dans tout ce développement et cette montée en puissance, Alfred montre une virtuosité narrative absolument époustouflante. Il impose totalement son rythme, et la vitesse à laquelle on tourne les pages. Les successions de pleines pages et de planches en deux images muettes sont superbes, la réaccélération avec trois, puis cinq, puis six cases par planche, imparable. On termine la lecture en réalisant à quel point on ne s'attendait pas du tout à ce qui vient de nous être raconté, même si le ton de la comédie initiale reste présent jusqu'au bout. Un album vraiment prenant, une entrée en matière idéale dans le monde de cet auteur authentique et habile à la fois.