L'histoire :
Jeanne Clervois s’adresse à son journal vidéo de bord pour la première fois depuis la station martienne Elon-Musk. En effet, en compagnie de trois autres spationautes et de deux autres restés en orbite, ils viennent de s’installer dans la première base humaine à la surface de la planète rouge ! Nous sommes le 8 mars 2080 et Jeanne explique tout le processus. Une semaine avant eux, une navette cargo contenant une serre et un chargement de cyanobactéries congelées a été larguée sur Mars. Or un problème technique l’a fait dévier de son point théorique d’arrivée. Résultat, le module Cybliss s’est posé à 520 km de leur base, avec une roue cassée. Les premières semaines de la mission Mars Horizon vont donc être occupées à sa récupération à l’aide d’un rover d’exploration. Il faut agir vite, avant que les batteries permettant de maintenir la température à -17°C ne s’épuisent. Car les cyanobactéries, c’est ce qui va leur permettre de cultiver de la nourriture, de fabriquer des médicaments, des matériaux, du carburant… autant de ressources nécessaires à leur survie à très long terme sur le sol martien. Jeanne, elle, respire le bonheur. Elle s’est toujours sentie martienne et se sent donc enfin chez elle !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mars horizon se livre à un exercice peu commun d’Histoire-fiction totalement crédible et donc pleinement passionnante. Comme l’avant fait Hergé dès 1950 avec son diptyque Objectif lune et On a marché sur la lune, soit 19 ans avant la conquête effective de l’astre, Erwann Surcouf et Florence Porcel imaginent aujourd’hui les premiers jours de la présence humaine sur la planète Mars en l’an 2080. Evidemment, les héros sont fictifs (ils ne sont pas encore nés…), mais tout le reste s’appuie on ne peut plus sérieusement sur l’état des connaissances et des moyens scientifiques actuels et envisagés. Ne vous attendez donc pas à un quelconque sensationnalisme extraterrestre : le suspens central s’étaye ici sur un bête problème technique mettant tout de même en péril la vie de deux des quatre pionniers martiens. Par interlude, nous suivons aussi l’exploration robotique d’Europe, satellite de Jupiter, depuis la station restée en orbite de Mars, afin d’y déceler des preuves de vie. Sous prétexte des journaux de bords dictés aux caméras embarquées ou des dialogues entre des protagonistes, le scénariste met à la portée des lecteurs moult explications sur cette conquête assurément proche. Les caissons-cargos largués en amont, la structure de la base Elon-Musk, les deux robots en soutien, le relai de deux autres spationautes restés en orbite martienne, les effets de la gravité et du temps différents, les spécialités professionnelles et la logique des tempéraments des héros… tout semble formidablement concevable, documenté et validé par des spécialistes (listés dans les remerciements préambules). Etant donné le concept, les amateurs de SF repenseront inévitablement à la trilogie romanesque Mars la rouge (puis la verte et la bleue) ou au film Seul sur Mars. Le trait de dessin d'Erwann Surcouf embrasse certes une griffe moderne qui peut sembler basique, mais la variété de ses plans, sa gestion des décors souvent détaillés et variés, ainsi que sa cohérence graphique font le job, pour une lisibilité et un plaisir de lecture entiers. Vivement l’an 2080.
