L'histoire :
Avril 1878, un homme tente de fuir le village d’El Paso, qui est touché par la peste. Afin de limiter le risque de propagation, l’armée américaine encercle la ville. Capturé, l’homme doit servir d’exemple. Sous le commandement du sanguinaire Major Philip Penn, la sanction va être cruelle. Il est attaché aux roues du canon de campagne et le lieutenant Appleby annonce au peuple réuni aux portes de la ville qu’il est condamné à une exécution sommaire. Penn donne l’ordre de tir. Sous l’onde de choc, le corps est littéralement soufflé. Le major ne peut s’empêcher de rires à la vision du spectacle apocalyptique. Le lendemain matin, dans la ville de Dryheave en Arizona, Bathsheba Bass discute avec son amie Cléo afin qu’elle prenne son fils David dans son salon pour le faire travailler. Depuis qu’il a perdu un œil, il s’est réfugié dans la musique et ne fait rien d’autre. Dans un autre village, le Marshall déjeune dehors sous l’appentis. Il n’a pas encore le droit de manger à l’intérieur du fait de sa couleur, mais il est certain que cela ne va pas durer. Hare, de la bande à Miller, lui annonce que les gars sont piégés à l’intérieur de la ville avec le colonel Helena. À l’annonce de ce dernier nom, le Marshall prend place sur sa monture et file vers le village meurtri d’El Paso.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce dixième album de la série casse les codes et les schémas narratifs rencontrés dans les tomes précédents. Effectivement, une fois n’est pas coutume, le Marshall reste en retrait du récit principal. La lumière est mise sur le colonel Helena et la bande à Miller rencontré lors du tome 9, Texas Rangers. Un récit secondaire est développé autour de David, l’un des fils du Marshall. Ce dernier s’est réfugié dans la musique après la perte de son œil et il rêve d’en faire son métier. L’arrangement scénique est digne du 7ème art lors de la sortie héroïque de la bande à Miller d’El Paso sous le feu de l’armée. La mise en parallèle de l’ambiance assurée par David et son harmonica dans l’établissement de Cléo est exceptionnelle. La frustration de ne pas avoir le son lors de la lecture de ces trois ou quatre planches est grande. Ce tome se distingue aussi des autres, car la plupart des personnages sont connus : le colonel Helena, la bande à Miller ou encore le doc Moon. Darko Macan, ajoute le personnage sanguinaire du Major Penn qui donne un petit côté acidulé au récit, cher au chef gastronomique. L’ambiance graphique est toujours dans les mains d’Igor Kordey et c’est toujours aussi précis et beau. Le dessin réaliste tire sur la caricature. Beaucoup de détail sont ajoutés dans les paysages et les personnages. Le découpage est dynamique et il y a toujours une superbe double page. La couleur est confiée à Anubis pour la première fois de la série. Avec une palette similaire au travail de Vitković sur les autres tomes, il est à noter le très beau jeu de lumières dans l’établissement de Cléo baigné dans la couleur chaude des lampes à huile. Ainsi, ce nouvel opus est une sorte de suite au tome précédent, mais pouvant se lire indépendamment. Une nouvelle fois, le talent narratif de Darko Macan et artistique d’Igor Kordey offre au personnage de Marshall Bass un dixième opus de qualité avec un scénario dynamique et bien ficelé ainsi qu’une ambiance graphique superbe.