L'histoire :
Grimpée en équilibre sur sa baignoire, Manon tente d’empêcher les cafards de s’infiltrer dans sa salle de bain par un trou du mur, lorsque son pied glisse. Elle chute violemment en se cognant la tête contre le robinet, tente de se rattraper au rideau, en arrache la tringle et se brise la nuque sur le rebord. Une fine tige de la tringle glisse alors le long du rideau déboîté et, pour parachever l’accident mortel, vient se ficher dans son œil gauche. Lorsque le corps de Manon est retrouvé, tout porte à croire à un nouveau crime de Melissa. Cette célèbre tueuse en série signe en effet tous ses meurtres de la même manière : dans une baignoire, un ustensile pointu fiché dans l’œil droit. Le casse-tête de l’inspecteur Angelo Faustocopi est de taille : il a lui-même arrêté Melissa deux ans auparavant. Il ne voit alors qu’une seule solution à cette énigme : Melissa a formé un disciple qui tue à sa place. Il décide alors d’aller cuisiner Melissa dans l’institut psychiatrique de haute sécurité où elle est enfermée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Inversement aux classiques du genre, dans ce polar entièrement signé Alexis Laumaillé, on connaît dès les premières planches le fin mot de l’histoire : il n’y a pas de meurtrier, Manon est morte suite à un accident domestique bien stupide. Le scénario veut ensuite raconter comment le « héros » va se fourvoyer dans une fausse piste, pour l’amener enfin à commettre des erreurs monstrueuses. Passée cette idée de départ originale, le reste du récit est plutôt décevant. Graphiquement, les choix de la mise en couleurs choquent. Le orange pur des cheveux du héros, des associations chromatiques dissonantes, les ombrages informatiques trop accentués… Narrativement, les rapports psychologiques entre les protagonistes sonnent faux, les dialogues sont maladroits, les incohérences s’enchaînent (l’évasion de Melissa, carrément tirée par les cheveux)… Jusqu’aux humeurs lourdingues du héros : afin d’expliquer son faux-pas névrotique à venir, son caractère taciturne et asocial est sommaire et outrancier. Laumaillé aurait gagné à s’entourer d’un dialoguiste, voire d’un scénariste…