L'histoire :
Sur un terrain de foot, un joueur fait un tacle dangereux à un adversaire. L’arbitre siffle et convoque le fautif en mettant la main à la petite poche du thorax, dans laquelle se trouvent d’ordinaire les cartons jaunes et rouges. Mais là, il extrait un paquet de cartes à jouer et demande au joueur d’en choisir une. Le joueur s’exécute et retient bien la carte qu’il a en main avant de la remettre dans le paquet. L’arbitre mélange le jeu et – ô surprise – retrouve la carte de son client ! Bravo, joli tour. Allez, et que je vous y reprenne plus. Non mais.
Sur un terrain de foot, un joueur marche avec ses crampons sur le genou d’un adversaire qui était au sol. L’arbitre siffle aussitôt la faute, mais – ô surprise – il a un chapeau pointu sur la tête et son sifflet est une trompette sans-gêne de fête. Il avoue qu’il a bénéficié d’une promo dans la boutique. Pendant ce temps, le goal, lui, attend qu’on lui tire le coup-franc avec des maniques de cuisine à la place des gants…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sans doute parce qu’il est le sport le plus médiatisé du monde et donc qu’il brasse des masses incroyables de pognon, le football génère sa propre théâtralisation, qui excite les passions ou suscite le mépris. Yannick Grossetête, lui, préfère donc prendre du recul sur ce spectacle grand-guignolesque et il le tourne en dérision avec un sens bienvenu de l’absurde. Ce petit bouquin souple de la collection Tapas réunit plusieurs dizaines de gags non-sensiques en strips ou dessins one-shot, selon un noir et blanc rehaussé par une touche de bichromie verte. Pour ses saynètes, Grossetête reste généralement dans le contexte du terrain, en détournant selon un biais décalé les éléments inhérents à la pratique. Exemple : le traceur de lignes dessine un labyrinthe avec son petit tracteur ; ou encore : le troisième arbitre brandissant le panneau avec les numéros des joueurs qui doivent entrer et sortir, est accompagné d’autostoppeurs qui ont des panneaux de villes de destination… L’inspiration est tantôt finaude, tantôt capilotractée, toujours bien décalée, mais rarement hilarante. Surtout, le dessin minimaliste et très stylisé n’est parfois pas suffisant pour véhiculer au mieux le sens du gag. Quelques strips mériteraient cependant de figurer dans les guides comportementaux pour supporters, afin de leur pointer la prise de recul qui leur manque…
