L'histoire :
En 1754, l’ancien pirate Jacques de Lestac est devenu un « coureur des bois », un trappeur et commerçant respecté par les populations indiennes des grands lacs, actuellement l’Ohio. Il a notamment sympathisé avec un couple d’iroquois de la nation Mohawk, Loutre et Loup Blanc. Ces derniers lui ont appris que sa fillette, qu’il croyait morte, bébé, lors d’une attaque de Hurons, a survécu. Celle-ci a été adoptée par la famille La Tour, qui l’a rebaptisée Marie (au lieu de Jeanne, son prénom premier). Aujourd’hui presque adolescente, elle ignore tout de ses origines. Jacques et Loup Blanc se sont mis en quête de la retrouver… mais ils découvrent le campement français où elle vivait ravagé par une attaque de hurons. C’est incompréhensible : les hurons sont sensés être alliés des français, a contrario des iroquois affiliés aux anglais. Le père Lasalle, un prêtre jésuite illuminé qui erre parmi les cadavres, les renseigne : Marie et quelques survivants sont partis se réfugier vers le Fort Russell anglais. Jacques et Loup Blanc enterrent les morts jusqu’à la nuit, puis décident le lendemain d’aller s’approvisionner en armes et en vivres auprès des frères Montville, afin de poursuivre ensuite vers le Fort Russell. Mais à l’approche du commerce, ils trouvent les Montville massacrés par des iroquois. Puis ils surprennent de loin une scène curieuse entre une escouade française et une anglaise, qui se tiennent respectivement en joue. Plutôt que de s’entretuer, les soldats font une épreuve de course en canoë entre leurs alliés indiens respectifs, pour déterminer qui récupère les femmes prisonnières et les bouteilles d’eau de vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette aventure mettant en scène un trappeur et un couple d’iroquois amis au temps de la conquête du territoire Nord-américain se poursuit, 20 ans avant la promulgation de l’indépendance américaine, dans une veine proche de la saga de la collection Vécu de Glénat : Les pionniers du nouveau monde. Le héros, français et ancien pirate reconverti en trappeur, est en quête de sa fille, dont il a soudainement appris la survie. Pour la retrouver, il traverse les guerres indiennes, d’une grande sauvagerie, en étant aidé par un couple d’iroquois. Rappelons qu’à l’époque, les iroquois ont été les vassaux des anglais, tandis que les hurons s’étaient alliés aux français. Mais dans cette histoire scénarisée par Fred Duval avec tout le souffle épique et la reconstitution historique nécessaires, ces iroquois là ne se font guère d’illusion sur le sort final que leur réservent in fine les anglais dans cette guerre de conquête territoriale. Ils restent donc neutres et amis avec le français. Lors de nombreuses séquences guerrières, plutôt nocturnes, les fusils font « crack ! », les canons font « Blam !», les chefs européens sont tous plus infâmes les uns que les autres… Le dessin réaliste de Brada conserve son haut niveau d’exigence, précis pour camper des gueules patibulaires, et virtuose pour nous immerger sur ces vastes territoires verdoyants et vallonnés.