L'histoire :
En 1740, des iroquois remontent la Rivière Ohio à bord de leur canoë. Sur le rivage, ils découvrent soudain une famille de colons blancs assassinés, criblés de flèches hurons. Des ours sont en train de se régaler en mangeant le cheval qui tirait le chariot désormais à moitié immergé dans l’eau. Le jeune Loup Blanc, adolescent découvre un couffin dans le chariot, avec un bébé fille encore vivant à l’intérieur. Son père lui demande de ne pas y toucher : les blancs sont porteurs de maladies mortelles. Il s’empare d’un joli sabre au pommeau sculpté. 14 ans plus tard, Loup Blanc devenu adulte est en train de pêcher dans la rivière avec des membres de son clan, lorsqu’ils entendent des coups de feu. Ils se cachent avec leur canoë empli de poisson derrière des buissons. Ils assistent à une énième escarmouche entre colons français et anglais. Après avoir tué les deux français, les anglais et leurs guides iroquois se sentent observés depuis le buisson. Loup Blanc fait discrètement se replier et se cacher ses guerriers. Les anglais s’emparent du fruit de leur pêche. Tous des voleurs, ces blancs ! Plus bas en aval, le français Jacques Carabine fait commerce d’une saison de trappe au poste de traite de Powhatan point. Il achète aussitôt quelques vivres pour les prochains mois et décide de passer la nuit ici avant de s’en retourner courir les bois…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ohio se déroule durant la guerre distante que se menaient les français et les anglais, respectivement aidés par les hurons et les iroquois, pour la possession du Nouveau Monde au cœur du XVIIIème siècle. Pour bien situer le contexte historique, à cette époque en France, Louis XVI succédait à son grand-père Louis XV. Nous suivons ici le destin d’un iroquois jeune adulte au tempérament plutôt posé et pacifique, appelé Loup Blanc, en raison de sa touffe de cheveux blancs. Il prend soin de sa famille, il participe aux palabres de sa tribu, il pêche et il se retrouve mêlé malgré lui à la guerre que se livrent les français et les anglais, voire aux querelles montées par d’autres nations iroquoises manipulées. Il se lie d’amitié avec un trappeur français et il l’aide dans sa quête pour renouer avec son passé… Mais on évitera de trop en révéler ici, pour garder intact le souffle romanesque, dans la lignée des Pionniers du Nouveau Monde (chez Glénat). L’entrée en matière de cette fresque historique scénarisée par Fred Duval est un modèle d’équilibre. Documentée et crédible, elle s’appuie sur un sens de la narration et un découpage parfaits. C’est bien dialogué, mais les séquences muettes sont aussi idéales lors des scènes d’action ou lorsque la communion avec la nature – la conception de la vie chez les indiens – offre des répits contemplatifs. Le dessin encré réaliste de Brada, complété par la colorisation expert de Jean-Paul Fernandez, participe idéalement à cette très convaincante mise en bouche de la trilogie prévue.
