L'histoire :
Sur la planète Alta, une jeune femme à la peau grise surnommée Poussière fait partie d’un comité de lutte contre des cyclopes gigantesques aux formes géométriques. Bizarrement, ces derniers temps, ces géants à la démarche indolente multiplient les incursions vers les villes et causent de terribles dégâts. Et les augures ont de moins en moins de temps pour anticiper leurs apparitions. La dernière attaque sur la ville de Luce a été tragique : Pan, le petit frère de Poussière, en est mort, et leur ville est en ruine. Poussière s’est donc réfugiée à Toran avec sa petite sœur survivante, Ayame. C’est là, au beau milieu d’un marché, qu’elle assiste à un phénomène auquel la population attribue toute la responsabilité des tragédies récentes : l’apparition d’un homme noir, comme venu d’une autre dimension. Effectivement, cet homme noir existe en parallèle sur la planète Terre : il s’appelle Elie, il est un pilote de l’armée, rescapé d’un crash d’avion, grâce au minerai révolutionnaire qu’il transportait. En ingérant une partie des propriétés du minerai, cet accident l’a rendu quasi invulnérable et… tout noir. Et parfois, sa conscience transparaît dans l’autre monde, celui d’Alta, où il est alors visible ! C’est en tout cas ce que lui expliquent les scientifiques qui mènent des expériences sur lui. Cette explication est certaine, étant donné que l’un des scientifiques s’est auparavant retrouvé accidentellement transporté dans le monde d’Alta, d’où il tente des expériences de passage inverse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En raison de son univers et de son intrigue totalement originaux, qui ne ressemblaient à rien de connu, le premier tome de Poussière s’était montré aussi rafraîchissant qu’accrocheur. L’auteur Geoffroy Monde nous présentait une kyrielle de personnages dotés de psychologies travaillées, de motivations diverses, ainsi qu’un conflit mystérieux aux propriétés déstabilisantes. Qu’étaient donc ces géants indolents qui menaçaient les villes et qu’il fallait rendre à l’éther ? Comment ce peuple pouvait-il se remettre en quelques heures de blessures gravissîmes ? Et surtout, d’où venait cet homme noir qui apparaissait par moment ? Le cliffhanger des dernières planches laissait entrevoir une explication totalement imprévue et prometteuse… Et c’est ce qu’exprime la majeure partie de ce second tome, qui apporte, au gré de séquences alternées, énormément de précisions sur les mécanismes qui régissent les deux mondes parallèles qui se superposent. Ce n’est pas (trop) spoiler, étant donné la quantité de révélations auxquelles vous allez accéder, que de voir en Poussière et Elie (l’homme noir) deux alter-ego qui se font écho, au cours d'une fable de science-fiction écologique totalement sensée et palpitante. Car une dimension politique se déploie désormais, à laquelle on peut ajouter un zest d’humour dans les répliques et les comportements très contemporains des protagonistes. A l’originalité et à la construction du scénario, répond un dessin semi-réaliste maîtrisé et lui aussi en dehors des sentiers battus. La colorisation à base de teintes pastel délavées et décalées, notamment, permet de distinguer les deux mondes et d’attribuer toute sa personnalité à l’œuvre. A ce stade de développement du récit, les conjectures se sont considérablement étoffées, sans être nébuleuses, et alors qu’on est encore en mesure d’en attendre beaucoup. Vivement la suite !
