L'histoire :
Il y a 18 ans, David a assisté impuissant à la chute mortelle de sa mère de son fil de funambule, dans la bourgade de Dame du Sphinx. De rage, il a broyé la statue de la vierge devant laquelle elle venait régulièrement se recueillir. Aujourd’hui, en raison d’évènements mystérieux, il se repentit de cet acte. Il accède en effet à la requête d’un prêtre, de façonner une nouvelle vierge « protectrice », car le village a connu, depuis lors, de trop nombreuses catastrophes. Bizarrement, à peine le prêtre a-t-il formulé sa demande, qu’il est assassiné par un clochard de passage, dans l’atelier même de David. Sculpteur de profession, David s’emploie alors à reconstituer la vierge… Or, au fur et à mesure de son labeur, son épouse Carole, internée en hôpital psychiatrique, se met à revivre ! Alexandra, sa charmante psychiatre – avec laquelle David a eu une relation – lui autorise même une sortie. Mais le soir même, dans l’atelier de David, Carole tombe nez à nez avec une grosse statue noire, qui lui fait immanquablement penser à une autre patiente, Mélodie, autrement plus haineuse. Lors de ses moments d’accalmie, entre deux agressions physiques, la grosse Mélodie s’emploie en effet à prédire (ou provoquer ?) la mort des gens de son entourage. David a d’ailleurs lui aussi eu droit à sa date : ce sera le 23 juin, soit 15 jours avant Alexandra…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A mi-chemin de la trilogie prévue, cette histoire ésotérique s’étoffe, se densifie, mais conserve encore toutes ses zones d’ombres – la marque de fabrique de Makyo… Le prolifique scénariste apprécie en effet plus que tout les fausses pistes, les intrigues croisées, et malmène la curiosité des lecteurs avec une jouissance certaine. Son histoire est néanmoins ici pour le moins originale… pour ne pas dire tarabiscotée. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Vous en connaissez beaucoup, vous, des sculpteurs, anciens funambules, dont l’épouse internée en hôpital psychiatrique se régénère en fonction de la restauration d’une vierge, et qui se voit prédire une mort certaine par une démente obèse et malveillante ? Aouch. Qu’en est-il du réel talent de prédiction de Mélodie ? Prophétise-t-elle ou provoque-t-elle la mort ? Du rapport entre la vierge et Carole ? De la logique finale entre ces divers éléments ? Il faudra attendre le troisième et dernier tome pour le savoir. Enfin, « peut-être »… nul à part Makyo ne peut le prédire. En attendant, on profite du joli dessin réaliste de Massimo Rotundo, s’appuyant sur une grande justesse dans les personnages et des cadrages, magnifié par la colorisation experte d’Emanuele Tenderini. Car Makyo a aussi le talent de s’entourer d’artistes d’exception...