L'histoire :
David est le petit dernier d’une famille de funambules de cirques. Un soir en plein spectacle, une chute collective tue sa mère et sa sœur. Fou de douleur, il ira jusqu’à détruire la statue d’une vierge, devant laquelle sa mère se recueillait avant chaque représentation. Dix-huit ans plus tard, David a abandonné le funambulisme. Il est désormais sculpteur et se trouve confronté à d’autres soucis : son épouse Carole est internée en asile psychiatrique, pour schizophrénie. Les médecins sont pessimistes sur l’issue favorable de la mystérieuse apathie qui accompagne cet état. Lors d’une de ses visites régulières, David passe par un couloir sombre de l’hôpital et se trouve esseulé, nez à nez avec une autre patiente, aussi imposante qu’inquiétante. L’obèse Mélodie, la haine dans les yeux, commence à l’étouffer de son corps contre un mur et le somme de se présenter. Il faut l’intervention d’infirmiers pour sortir David de ce guêpier. Quelques jours plus tard, la psychiatre de sa femme le convoque et lui expose un fait inquiétant. La pathologie mentale de Mélodie s’accompagne d’une propension à prédire le jour précis de la mort des gens qu’elle rencontre. Le plus troublant, c’est qu’à ce jour, les 7 prédictions qu’elle a formulées se sont toutes avérées exactes. Or, elle vient justement de prédire la mort de David, 39 jours plus tard…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà une mise en bouche pour le moins intrigante. Tout d’abord, le rendu graphique est confié au duo transalpin efficace Rotundo/Tenderini. Massimo Rotundo, l’un des fondateurs de l’école romaine de bande dessinée, livre un dessin élégant, d’une belle maîtrise visuelle. Aux couleurs, Emanuele Tenderini est décidément très habile pour exprimer les atmosphères angoissantes (100 âmes). Vétéran du 9e art avec une vingtaine de séries à son actif, le scénariste Pierre Makyo s’y connait en matière de suspens fantastique et d’ambiances troublantes. Relativement proche du registre de sa célèbre Balade au bout du monde, il met ici avant tout en place une ambiance pesante, dérangeante, décalée par rapport à notre quotidien. En effet, qui d’entre vous, parmi ses relations, connait un funambule ? Un sculpteur ? Une vraie schizophrène ? Une femme obèse qui, les yeux injectés de haine, vous annonce l’heure de votre mort ? Le terrifiant personnage de Mélodie restera longtemps gravé dans votre mémoire… Plus frêle physiquement, mais solide dans sa tête, le héros David préfère distancer ses tragédies familiales, à l’obligation de les supporter. Comment s’articulent les mécanismes fantastiques des prédictions ? Quel rôle joue Mélodie ? Quel rapport exact cette affaire a-t-elle avec la vierge détruite 18 ans plus tôt ? A la psychologie des personnages savamment élaborée, Makyo insuffle de larges pans de mystère dans cet épisode pilote, ce qui augure d’une belle trilogie à venir.
