L'histoire :
Un jeune homme et son chien ne supportent plus de n’avoir rien d’autre à faire dans leur vie que de glander dans leur canapé. La fleur jounalistique dans l’âme, ils décident de se mettre en quête de scoops, en se rendant dans les pires coins de la planète pour en rapporter l’info brute, l’inédit, le sensationnel. Par exemple, au Mali, tandis qu’ils traversent un champ de tir, que les obus volent autour de leur jeep militaire, tout autant que les morceaux de victimes humaines et les grenades, ils demandent si la cantine est bonne et se félicitent à avoir pensé à prendre le maillot de bain. Puis quand ils commentent le conflit, à peine à l’abri derrière un mur de sacs de sable, ils empruntent les éléments de langage des commentateurs du foot, allant jusqu’à crier Aux chiottes l’arbitre ! Ailleurs, alors qu’ils se trouvent dans une épaisse jungle équatoriale, ils sont pris en otage par des guerrilleros. Ils se trouvent tellement maltraités qu’ils se promettent de leur coller un commentaire bien salé sur TripAdvisor®. Et puis finalement, 3 mois plus tard, syndrome de Stockholm aidant, ils mettent tout de même deux étoiles, parce que Manolo était quand même rigolo…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En notre début de XXIème siècle corrompu par le tirage de couverture médiatique, la recherche d’audience, la course au buzz, les fake-news ou autres déviances trollesques sur les réseaux sociaux, la planète média ne tourne pas franchement très rond. Alors autant en rire, par l’outre-exagération et l’absurde ! C’est ce que fait à merveille Caloucalou avec ce petit album au format souple, inscrit dans la collection Pataques de Delcourt. Ici, deux héros sans noms – un humain et un chien – jouent les baroudeurs pour une série de reportages abscons, en terrains minés. A chaque planche de gag, ils évoluent à un endroit différent : une jungle humide, un pays chaud, une insurrection urbaine, au fond d’une grotte, dans le blizzard hivernal, en pleine catastrophe nucléaire, dans une usine toxique, dans un bidonville, en orbite dans l’espace et même devant une crêperie bretonne ! Et en chacun de ces milieux, ils extirpent un ressort inattendue qui magnifie le caractère abscons / absurde de ladite situation ou du propos de reportage crétin choisi par ces pseudo journalistes charlots qui ont autant d’éthique que d’humour mal placé. Le dessin stylisé ne facilite certes pas toujours la lisibilité de la case, d’autant que la colorisation bichromique se complète par zones de trames de points. M’enfin, l’hyper caricature fera se bidonner plus d’un lecteur et accorde pas mal de sens à l’exercice parodique.
