L'histoire :
A la demande du Souverain, le Margrave Welf III, le colonel-major Pikkendorff a quitté la ville à la tête d’une troupe formée de sept cavaliers. La ville, le pays se meurent lentement. Les moyens de communications ont été coupés. La plupart des habitants a fui sans qu’on sache pourquoi et beaucoup d’entre eux ont été assassinés par des hordes de leurs concitoyens rendus fous par la consommation d’un champignon hallucinogène. Aussi, les soldats ont-ils pour mission de trouver l’endroit où la vie s’est retirée. Au cours de leur périple, les cavaliers font de nombreuses rencontres. Tantôt amicales, angoissantes ou hostiles, elles peuvent prendre des détours dramatiques et laisser le groupe orphelin de l’un d’entre eux. Mais il faut continuer. La route est longue et la surprise immensément grande de trouver les terres autrefois si prospères laissées à l’abandon. Il leur faut rejoindre Sépharée, encore distante de 150 lieues, pour espérer y retrouver l’héritière du royaume, la Margravine Myriam. Un itinéraire est voté, qui devrait emprunter des lieux chers à l’évêque Von Beck, mais aussi à Abaï, le palefrenier. Arrivé à Saint Gall, les soldats trouvent à nouveau un village à l’abandon. Ils réquisitionnent une jolie demeure pour y faire un maigre repas et y passer la nuit. Au matin, Abaï réveille ses compagnons en leur présentant un jeune homme du bout de son fusil. Ami ou ennemi ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si vous êtes un adepte des conclusions sinon cartésiennes mais au moins, tel un joli matou, retombant sur ses pattes, via quelques réponses carrées à vos multiples interrogations, vous allez être surpris. Attention ! Il s’agit de vous préparer à vivre le terme de cette épopée en 3 tomes, de manière inattendue et surtout pas à laisser sous-entendre que vous allez être déçu… Car ici Jacques Terpant continue avec maestria de nous transmettre l’univers de Jean Raspail. De nous offrir ce monde particulier constitué d’un entrelacs singulier, dans lequel conte, songe, poésie, philosophie, aventure et réalité s’amusent à nous perdre savoureusement. De l’accroche initiale, née du mystère de cette civilisation qui se meurt sans comprendre pourquoi, on ne nous livrera pas grand-chose. Au mieux, on nous laissera construire nos propres théories en piochant dans les hypothèses émises au coin du feu par les différents protagonistes, en voyant peu à peu chacun mener sa propre quête et semer ses petites graines d’espérance, pour reconstruire un monde bien à lui. Tout en triturant notre réflexion, nous aurons voyagé : d’une capitale d’empire, aux forêts giboyeuses, à des semaines de chevauchées, en passant par les montagnes reprises par les Tchétchènes et leurs alliés… C’est ce souffle épique constant, cadencé par la force littéraire du texte, auquel Jacques Terpant a permis de conserver toute sa « musicalité », qui nous emporte. Du coup, on se laisse brutaliser sans sourciller par le final : heureux de s’être laissé dépayser par Pikkendorff et ses comparses ; contents de s’être laissé apprivoiser par cet univers entremêlant comme personne imaginaire et réalité et s’évaporant tout à coup. Au diapason de l’adaptation, le dessin reste des plus envoûtants. A nous faire ainsi goûter Jean Raspail, on s’impatiente déjà de la prochaine adaptation du romancier que Jacques Teprant nous promet en quatre volumes : Royaume de Borée.