L'histoire :
Autrefois prospère et flamboyante, la capitale s’éteint, vidée peu à peu de ses habitants, sans que l’on sache réellement pourquoi. Peut-être faut-il voir dans l’étrange fureur meurtrière qui s’est emparée de plusieurs enfants, lors des fêtes de Noël, le début d’une explication ? Trop tard pour comprendre en tout cas. Le chaos est proche, le Margrave a cessé de régner. Il se contente de subir et s’offre un ultime moment de dignité en choisissant d’envoyer sept soldats hors les murs. Peut-être pourront-ils porter au-delà des contrées familières un dernier témoignage de ce que fut la ville. Peut-être… si le monde n’a pas définitivement sombré. Ainsi, le colonel-major Pikkendorff et six hommes, qu’il a choisi en fonction de leur personnalité particulière, prennent la route en plein hiver, avec de frêles espérances qu’ils gardent soigneusement enfouies. Après quelques péripéties aux abords des vestiges de l’ancienne et prestigieuse gare, ils découvrent le port du cap sud. L’endroit est gardé par le premier Maitre Gustavson qui tente, vaille que vaille, de maintenir un semblant d’existence normale : l’entretien quotidien du phare, même si aucun navire ne croise plus au large, et le confort du foyer familial, y participent amplement. Seul le regard haineux de son jeune fils, qui rappelle celui des enfants meurtriers du Royaume, ternit le tableau… En remontant au nord, alors que le printemps pointe le bout du museau, le convoi rencontre bientôt en la personne d’Alramane, un commandant de la milice, un curieux personnage. Fier et particulièrement bien armé, il ne semble pas leur dire l’entière vérité sur le contenu de son activité dans les montagnes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’univers de Jean Raspail est singulier… De ceux dans lesquels on s’enfonce, comme happé sans bien savoir où l’on va. De ceux dans lesquels on se satisfait du mystère épais qui plane, en espérant que le vent de l’aventure ne permette au brouillard de se lever trop rapidement. Alors bien évidemment, il ne nous faut pas longtemps pour succomber à l’oppression des silences que nos imaginations fertiles interprètent à tout va. Et pour gouter cette atmosphère particulière, rien de tel que le travail de Jacques Terpant sur ces Sept cavaliers. Maitrisant parfaitement la structure de l’œuvre initiale, il se l’approprie en d’élégantes peintures (ah la couleur directe quand le trait s’y prête…) tout en laissant les textes originaux cadencer cet étrange récit. A mi chemin entre Histoire et conte Fantastique, dans un monde qui rappelle le notre sans y ressembler totalement, on suit le crépuscule d’un royaume (petite principauté ?). A travers leur périple en forme de quête, nos 7 soldats portent le flambeau du passé, de l’honneur et de la tradition, dans un pays décadent, tels les derniers représentants d’un ordre révolu. Ce 2e volet, s’il ne lève pas le mystère, oriente l’intrigue sur les terrains escarpés de contrées pacifiées depuis 250 ans. Mais la paix n’est-elle pas fragile ? Nos amis trouveront peut-être dans les montagnes un embryon d’explications aux raisons du chaos qui met à terre leur pays : de bonnes raisons d’en découdre en tout cas. Car aussi philosophique, politique, mystique ou poétique qu’il puisse être, le conte n’oublie pas de verser dans le véritable récit d’aventure et contenter ainsi notre bel appétit : un menu complet auquel il ne manque plus qu’un bon dessert, dont on espère se régaler en guise de conclusion dans la prochaine et dernière partie.