L'histoire :
De nos jours, une jeune femme gravement blessée est héliportée jusqu’aux urgences d’un hôpital newyorkais. Pendant que des médecins s’occupent de la maintenir en vie, des infirmiers fouillent dans son sac pour établir son identité. Ils y trouvent une carte de presse du nom de Jodie Meyer, ainsi qu’un dictaphone sur lequel elle a consigné les évènements des dernières heures. Elle s’était enfoncée dans une profonde forêt en compagnie d’une bande de jeunes scientifiques. Leur mission était de découvrir l’origine de la mort suspecte de cheptels bovins situés 200km plus au sud… Le bétail aurait en effet ingéré de curieuses spores pour lesquels la météo du jour situe l’origine dans cette forêt. Après plusieurs heures de marche sous une pluie battante, les scientifiques trouvent la trace d’un lichen anormal, qui s’enroule en spirale vers l’entrée d’une grotte. Ils y descendent en rappel sans savoir qu’ils vont se retrouver face à une créature terriblement dangereuse… Car plusieurs heures plus tard, à l’hôpital de New York, un policier interroge la jeune femme au look extravagant, qui se présente comme étant la compagne de Jodie Meyer. Il lui montre des clichés du reste du groupe : ils ont tous été retrouvés morts, comme massacrés par une bête sauvage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Septième sens débute comme un thriller fantastique façon X-files : dans un coin reculé et forestier de l’Amérique profonde, des scientifiques sont massacrés par une créature d’origine inconnue… mais a priori terrestre ? Puis soudain, à la moitié de ce premier opus (p.32 sur 56), sur une révélation soudaine, l’intrigue se ramifie à l’ésotérisme pur jus. Ne craignons pas d’en révéler la teneur, puisqu’elle est justement présentée en 4ème de couv’ : les saints bibliques existent toujours, ils sont immortels et forment la phalange secrète « Présence » qui veille sur l’harmonie de l’humanité. Au-delà de la thématique éculée de la société secrète régissant le monde, le plus intéressant dans ce synopsis est qu’il tire un trait d’union entre les super-héros à l’américaine (le grand spectacle) et nos fondations judéo-chrétiennes (pâtissant d’ordinaire d’une image de marque un peu ringarde). Pour ce faire, le scénariste Corbeyran s’adjoint une nouvelle fois les talents graphiques de son compère Djillali Defali (c’est déjà le 19ème album du duo !). Les encrages réalistes du dessinateur s’appuient sur beaucoup d’automatismes, plus convaincants sur les personnages que sur les décors (notamment urbains). Quant à l’inusable Corbeyran, il nous balance pour le moment les choses de manière un brin abrupte. Son scénario ne manque certes pas de fond – par exemple, les débats entre scientifiques sont intéressants – mais la mayonnaise des différents ingrédients n’a pas encore atteint l’exquise émulsion. Il faudra bien 3 tomes pour que les protagonistes et les enjeux prennent toute leur cohérence… et Delcourt nous annonce les deux suivants sur l’année 2013.