L'histoire :
Une terrible pandémie virale dérivée de la grippe aviaire s’est répandue sur l’humanité il y a 10 ans de cela. La civilisation humaine s’est alors recroquevillée sur elle-même. Les rares survivants en sursis ont cédé aux instincts les plus primaires : pillage, individualisme, agressivité… Dans une France en ruine, quasi désertique, où la nature a repris ses droits, Jan, ancien militaire aguerri, continue son road-trip vers un potentiel laboratoire situé dans une vallée reculée des Pyrénées. Il est accompagné d’LN, une jeune femme anciennement exploitée en tant que prostituée ; mais aussi de Marguerite, une intelligence artificielle robotisée sur quatre pattes. Marguerite s’avère une aide précieuse pour porter ses réserves et son attirail, mais aussi pour détecter diverses approches potentiellement menaçantes. Jan découvre hélas qu’elle s’avère aussi une terrible faille : ses connexions régulières au réseau lui valent d’être piratée et signalent leur position. Alors qu’ils traversent les Cévennes, Marguerite repère une nuée de nano-drônes. Des années après leur création, ces milliers de micro-robots volants se déplacent toujours en formation, afin d’éradiquer une population d’oiseaux désormais inexistante. Mais ils sont déréglés et attaquent désormais tout ce qui est vivant. Jan et LN plongent sous un rocher en attendant que la nuée passe, mais la mule qu’ils venaient juste de trouver est déchiquetée en quelques secondes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture est minimaliste, mais pour ceux qui sont attentifs à la série depuis le tome 1, elle fait froid dans le dos. Ce vestige électronique démantibulé est en effet celui de Marguerite, le robot-vache du héros, qui va donc passer un sale quart d’heure. Il annonce une fin tragique, avec ce tome 3, de l’aventure d’anticipation post-apocalyptique proposée par Jean-Pierre Pécau. Pour point de départ, le scénariste était parti d’un vieux classique du survivalisme : le virus mutant qui a éradiqué 80% de l’humanité. Pour héros, un militaire aguerri et équipé, désormais accompagné au début de ce tome 3 par une jeune femme, LN. Pour objectif final et vertueux : trouver un labo susceptible de disséminer un antidote. Pour forme narrative, un road-trip pédestre à travers de magnifiques paysages de France rendus à la nature. Le dessinateur Damien profite ainsi d’une matière première de première bourre, que son style encré réaliste exploite à la perfection. En prime, les Cévennes ou les vestiges de notre urbanisation se parcourent cette fois sous une météo estivale paradoxale vis-à-vis du nihilisme de fond. Pécau se sert des rencontres et des souvenirs pour étayer le contexte de départ et proposer à ses lecteurs diverses projections biologiques, sociologiques, écologiques, voire religieuses. De quoi faire réfléchir, donner du sens, tout en apportant une pure ambiance d’anticipation flippante et des scènes d’action à faire frissonner une mule électronique. Une trilogie saisissante se referme magnifiquement, sur un final surprise et un faisceau d’incertitudes parfaitement raccord avec le pessimisme environnemental de notre époque.