L'histoire :
C’est la débandade dans Paris, en cette bonne journée du 18 novembre 1870 : les boches attaquent de toutes parts et surtout par-dessus, en ballons dirigeables. Madame le maire appelle donc à la rescousse celle qu’on appelle quand on n’a (presque) plus aucun espoir : Sophia. Imposante chevelure brune, short moulant, bas résille, cuissarde et décolleté mal boutonné, la jeune femme sexy et dynamique se pointe à l’hôtel de ville parisien en compagnie de sa fidèle et farouche Rima, son amante. Le maire leur explique qu’ils ont un super plan imparable contre les prussiennes : organiser la résistance à l’aide du formidable réseau de tunnels sillonnant le sous-sol de la capitale. Par ce biais, c’est sur, Paris vaincra. Seul hic : personne ne sait où se trouvent les plans de ce réseau souterrain. Première mission pour Sophia, donc : retrouver la secrétaire suisse du maire, Hilda, la seule à savoir où se trouvent ces damnés plans. Or Hilda est une vieille connaissance de Sophia… Peu importe, dans les sous-sols, entre deux bastons avec les prussiennes, Sophia a une intuition qui se révèle exacte : l’ennemi cherche à racheter les immeubles de Paris par bribes, pour la transformer selon leur culture. La vache ! Il faut agir ! Deuxième mission pour Sophia : trouver un notaire d’élite…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce petit bouquin souple de la collection Shampooing, Capucine (au scenar) et Libon (au dessin) concrétisent un délire jubilatoire pour les amateurs d’humour au second degré et d’aventures « de genre ». La quête de cette Sophia, héroïne sexy dans un monde uniquement composé de femmes, est ultimement saugrenue. Ne serait-ce que sa coupe de cheveux, d’une luxuriance improbable, à faire pâlir de jalousie les recrues des pubs Loréal… La trame narrative prend la forme de missions d’espionnage débiles, dans un contexte de guerre improbable, mais il importe peu : seuls comptent les rebondissements hétéroclites, les répliques inattendues et le périple foutraque. Car pour libérer Paris, Sophia passe tout de même par le métro, par un port turc, par un voyage en caravelle (la « Licorne virginale »), qui la mènera jusqu’aux tréfonds de la jungle Africaine, pour y dénicher un sorcier notaire ( !). Dès qu’elle se bat, en général contre des prussiennes plus proches du légionnaire romain uderzoien que du casque à pointe teuton, c’est évidemment les seins à l’air ! Enfin, les textes des bulles sont écrits à la mauvaise machine à écrire, et quand le canon tire un boulet, il fait un petit PAN tout pourri. Au dessin, baignant dans une bichromie orangeâtre volontairement kitch, Libon s’éloigne légèrement de la ligne de Jacques (le lézard géant) ou d’Hector Kanon, notamment pour les personnages féminins, initialement plutôt gracieux… Mais il ne peut s’empêcher (et c’est tant mieux) de disséminer quelques tronches décalquées de ci de-là. Bref, ce scénario complètement poilant, comme une bonne grosse parodie de série Z qui jongle avec les clichés, se déguste au second degré.