L'histoire :
En 2012, un gigantesque vaisseau extraterrestre apparaît dans le ciel au-dessus de Hong-Kong. Mais nulle invasion n’intervient et le vaisseau reste stabilisé des années à cet endroit, entouré d’épais nuages protecteurs. Il déploie juste sur la planète 24 « anneaux d’ambre », un par fuseau horaire, permettant la téléportation entre eux. Dès lors, quand le transport se déclenche, chaque jour quand il est minuit à Hong-Kong, des milliers de voyageurs peuvent téléporter aux 4 coins du monde. Ce jour là de 2019, trois autogires (des hélicos individuels) apparaissent subitement en provenance de Paris. Deux CRS poursuivent et blessent à coups de flingues un dangereux terroriste porteur d’une épaisse mallette. Au terme d’une poursuite explosive au sein du terminal, le terroriste parvient à s’échapper. Les services secrets chinois, le HK3, mobilisent alors l’équipe de Spyder pour tirer cette affaire au clair. Et il s’agit d’être efficace et diplomatique, car la Chine a besoin du soutien de la France pour garder sa souveraineté sur les anneaux de Hong-Kong devant les Nations Unies. Or le topo que Wong Lau, directeur de l’Oméga, fait à Spyder et à son équipe, est très délicat : Luc Cassel, le terroriste en fuite, appartient paradoxalement à la DGSE ; et la mallette qu’il a dérobée contient le cœur qui devait être transplanté au président français ! Spyder suspecte qu’il ne s’agit pas vraiment d’un terroriste, mais que cela cache un plus vaste complot politique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
2011 commence à peine et voilà déjà la première série-concept multi-auteurs, qui projette la parution d’un tome par trimestre sur l’année. Les 4 intrigues indépendantes de Spyder appartiendront au même contexte futuriste et seront réalisées par 4 dessinateurs différents, mais un même scénariste : Sébastien Latour (Wisher). Cela dit, ça fait plaisir de croiser une série de science-fiction à grand spectacle, un registre quelque peu délaissé ces derniers mois par les modes éditoriales ! En outre, dans ce premier volume, le pitch est tout de même jubilatoire : imaginez un vaisseau extraterrestre stationné dans un ciel tourmenté, 24 portes de téléportation, une Hong-Kong high-tech… et pourtant nous ne sommes ici qu’en 2019. Dans 8 ans, quoi, à peine 2 olympiades. L’intrigue d’action et d’espionnage nous le rappelle, en nous cantonnant à notre époque, avec des manigances paradoxalement très « Terre à Terre » : quel est le mobile du vol du cœur (oui oui, l’organe cardiaque) promis en transplantation au président français ? Le complot, l’action et les considérations géopolitiques occultent finalement totalement les aliens et les « anneaux d’ambre ». Mais on se laisse tout de même agréablement absorber par ce monde d’anticipation dense et obscur, car le dessinateur Mr Fab a particulièrement soigné les choses, dans une ambiance très Blade Runner. Il faut dire qu’il a lui aussi réuni une équipe d’experts : il est épaulé par Manchu pour les décors (c’est beau, Hong-Kong, la nuit), Didier Cassegrain pour le character-design (avec un casting de héros qui promet) et Fred Blanchard, patron du label Série B, se planque certainement quelque part, dans l’ombre. Dès lors, il est surtout étonnant que l’équipe prenne la peine de planter un contexte de SF aussi chiadé, pour finalement ne s’en servir que fort peu. Mais avec Latour dans son sac, elle en garde surement sous le pied pour les trois prochains tomes…