L'histoire :
Dans les Landes, en 1947, Kurt Tank s'apprête à faire un nouvel essai sur un appareil de toute dernière génération. Son projet : dépasser les 1000 km/h pour pouvoir atteindre tranquillement la Russie. En guerre contre l'armée rouge, la France pourrait alors facilement larguer une bombe atomique et faire s'écrouler l'empire stalinien. Malheureusement, l'essai est loin d'être concluant et l'avion explose en plein vol avec le pilote Baumbach. Un ingénieur français, Marcel Ferdinand Bloch, explique les raisons de cet échec et propose une solution au problème. Pour lui, les réacteurs ne doivent pas être cachés dans les ailes. Il propose d'aider l'armée, mais il leur manque un pilote. Bloch recommande Nicolas Charlier, un brillant pilote capable de voler avec n'importe quel coucou. Cependant, l'homme a disparu depuis quelques temps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les uchronies sur la seconde guerre mondiale pullulent en bande dessinée. Cette fois, l’histoire change l’Histoire par ce postulat : et si les Alliés faisaient un pacte avec l’Allemagne pour renverser le régime soviétique ? L’idée est alléchante, d’autant qu’elle est dirigée par deux auteurs rompus à l’uchronie sur la seconde guerre mondiale : Jean-Pierre Pécau a déjà imaginé la série Jour J, tandis que le dessinateur Maza a déjà illustré Wunderwaffen. Les deux auteurs mêlent leurs savoir-faire et, à la différence de Wunderwaffen, l’histoire ne repose pas que sur du matériel d’aviation et des voltiges. Jean-Pierre Pécau imagine ici une intrigue complexe où le bien et le mal n’ont plus vraiment les mêmes références. L’espionnage est aussi une thématique essentielle avec des jeux de luttes secrètes et d’alliances calculées. Pécau aime également à multiplier les références historiques pour mieux les détourner à travers le principe de l’uchronie. Par exemple, on a un passage étonnant où Beria, « le Himmler russe », parle de sexe sans vergogne ! Le projet est donc séduisant et peut plaire aux amateurs de cette période, mais il est aussi complexe à suivre. Les personnages se multiplient et il est difficile de les identifier. Le trait de Maza est efficace mais trop lisse et « neutre » pour permettre de reconnaître l’impressionnante galerie de personnages de la série. On ne s’attache donc guère aux personnages principaux, faute de charisme et de détails. Le clin d’œil final aura du mal à faire oublier que l’ensemble manque de profondeur et d’intérêt. Ce projet sonne le crépuscule des uchronies sur la seconde guerre mondiale...