L'histoire :
Un individu en tenue de gueux observe à la jumelle un puissant personnage, alors que celui-ci fait sa promenade à cheval, escorté par deux gardes du corps à vélos. Il prépare assurément un mauvais coup. Quelques jours plus tard, entouré de toute la police scientifique, l’inspecteur Romain fait les premières constations sur une scène de crime en pleine forêt, à proximité d’un squat de sans-abris. L’insaisissable « brûleur » a encore immolé une victime. Romain aperçoit soudain un espion en anorak épais, derrière un bosquet. Il tente de le courser à travers bois… mais l’individu l’assomme d’une branche et le sème. Romain termine sa journée en aidant un ancien collègue, Jean, à rentrer chez lui. Retraité et en fauteuil roulant, Jean rumine son aigreur en se passionnant pour l’ornithologie et… l’alcool. Au même moment, dans une galerie sous terre, « le maçon » (le gueux qui observait à la jumelle) continue de creuser. Il a entrepris cette besogne il y a de longs mois, avec l’aide d’un ami. Le bout du tunnel est proche, il va pouvoir passer à l’action. Du moins, à condition que les pelleteuses qui sont à l’œuvre en surface ne fragilisent pas ses galeries…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce polar sombre en one-shot et en noir et blanc débute à la manière d’un récit choral. Il y a d’une part la vengeance du « maçon », qui passe par un long et besogneux tunnel (une entreprise démesurée !). Il y a aussi le héros flic, qui enquête sur un assassin pyromane et s’occupe d’un ex-collègue handicapé et alcoolique. Il y a encore une communauté de SDF, qui survit dans un squat au fond des bois. Il y a enfin ce puissant et méprisant personnage, qui entretient une luxueuse serre. Comme souvent dans les récits choral, ces différentes séquences parallèles et successives finissent par se rejoindre en un thriller à peu près cohérent… quoiqu’un brin éparpillé et tordu. Au terme des 72 planches tout est certes explicité, mais on peine vraiment à vibrer, voire à définir une ligne directrice dans le scénario d’Alain Austini et d’Alexis Sentenac. Sur le plan du polar pur, l’intrigue du brûleur manque singulièrement de consistance ; quant à la vengeance du maçon, elle parait simpliste dans son intention et rocambolesque dans sa mise en œuvre. En parallèle, la dimension sociale de l’ensemble reste elle aussi superficielle : l’alcoolisme de Jean tourne court, tandis que la présence des SDF est accessoire. Il faut attendre le résumé en 4ème de couv pour percevoir qu’il s’agissait de dénoncer le principe de l’immunité diplomatique et pour apprendre le prénom d’un des protagonistes (le maçon s’appelle Rodrigo). Reste le dessin de Gil le Coz qui, étalé sur 3 années dans sa réalisation, montre une griffe plus réaliste et plus noire que son Yo-yo post mortem édinauté chez Sandawe.