L'histoire :
Par une belle journée estivale, Arthur et Janet sont en voyage en Roumanie. Arthur photographie un palais, mais Janet n’a d’yeux que pour les jambes des filles… Le soir, ils commencent par un petit strip-tease privé, histoire de se mettre en condition. Tandis que Janet sirote une bière, une jeune femme dénudée se trémousse sur Arthur. Puis, vite, retour à l’hôtel. Janet, qui a bu trop de bière, a une irrésistible envie de faire pipi. Comme Arthur ne trouve plus les clés de la chambre, elle assouvit ce besoin… dans l’ascenseur ! Puis alors qu’à son tour elle farfouille à quatre pattes dans le sac à dos d’Arthur, celui-ci, par derrière, lui farfouille l’arrière-train avec sa langue. Sans complexe, ils entreprennent un 69 au milieu du couloir de leur hôtel. Qu’un client un peu gêné vienne à vouloir passer, ça ne les empêche pas de poursuivre : il n’a qu’à enjamber ! Le lendemain, la séance photo se poursuit dans un parc… ou plus précisément sous la mini-jupe de Janet. Des roumaines de passage offriront même quelques clichés supplémentaires à Arthur. Puis ils reprendront une petite séance coquine tandis qu’ils visitent un village traditionnel, à l’intérieur d’une maison. Plus tard, de retour dans leur appartement, ils hébergent une copine, qui doit dormir sur un canapé un peu trop défoncé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès la couverture, la démarche de ce one-shot est clairement l’érotisme, et rien que l’érotisme. En matière de BD, le genre est souvent bien peu assumé : dans les récits réalistes, il y a souvent un nichon ou deux, histoire d’attirer le chaland, mais ça reste mesquin… Ou alors c’est ultimement porno (il y a des éditeurs spécialisés dans ce registre). Ici, Jean-Luc Cornette et Karo ont le grand mérite d’embrasser franco le genre, et de le faire avec élégance. Le dessin semi-réaliste de Karo est léché (hum), clair, simple, appliqué et parfaitement explicite. Ses personnages sont tout sourire, tout mignon, avec des grosses têtes sur des petits corps tout frêles, une particularité qui joue beaucoup sur l’aspect « gamineries » (roôô, faire pipi dans un ascenseur, tout de même !). Pas très loin de ceux d’Arthur de Pins (Péchés mignons), ces petits êtres aimants sont adorables et très attachants… parfois même carrément gluants. Il n’y a pourtant pas de voyeurisme déplacé : les saynètes de cul sont clairement cadrées sur l’essentiel, le sexe est frontal (sic), mais sans insister. Car si l’acte d’amour est foncièrement et nécessairement répétitif, le médium bande dessinée a l’avantage de laisser le lecteur gérer la fréquence de la pénétration. La seule répétition provient de l’obsession réitérée pour le sexe, à chaque chapitre de la vie de ces deux amoureux. Clairement, leur moteur au quotidien, c’est la baise. La baise à deux, la baise à trois (avec deux filles), mais aussi à trois (avec deux gars), voire à 1+1 par téléphone interposé… Le catalogue est riche en déclinaisons. Ils se font donc des petites séances de baise, comme le commun des mortel se fait une barre de chocolat : n’importe où, n’importe quand, et pas de souci pour partager. Et après tout, pourquoi pas ? Par le truchement complexe de l’Histoire et des religions, la relation sexuelle est aujourd’hui tabou dans les mœurs de nos sociétés dites développées. Mais l’acte d’amour est vital à notre humanité (et à notre équilibre psy), au même titre que la bouffe ou la lumière… D’ailleurs, Arthur et Janet se font la totale : ils baisent avec de la bouffe en pleine lumière ! Définitivement, vous ne regarderez plus la salade de fruits de vos amis de la même façon…