L'histoire :
En pleine excursion pédagogique dans une décharge publique, avec son fils Eric, Maurice Poissart trouve un billet de tombola encore valable. Droit dans ses bottes, il décide de montrer l’exemple en le rapportant au Sanatorium qui organise a priori ladite loterie. Or, à peine est-il dans la place, qu’on annonce son numéro comme étant l’heureux gagnant d’un voyage en Afrique. Finalement, Maurice Poissart n’y résiste pas et se déclame gagnant ! Les petits vieux, séniles au dernier degré, n’y voient goutte. Le directeur de l’hôpital est quant à lui très déçu : lui qui avait trafiqué pour que ce soit le riche Monsieur Landry, son principal sponsor, qui gagne. Car le directeur comptait sur les liens que tissent un tel voyage, pour promouvoir à son attention un projet révolutionnaire de funérarium automatisé (et fun) auprès de Landry. Qu’à cela ne tienne : il paiera de sa poche pour cet investisseur, sa femme Régine (révolutionnaire dans l’âme) et son fils Jean-René (accro à la Nintendo). A l’arrivée en terres africaines, les Poissart hallucinent : il y a des domestiques qui portent leurs valises, l’eau courante dans l’hôtel, la piscine gratuite, le buffet à volonté… Un bonheur insolent !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la première fois dans la série Les Poissart, Didier Tronchet propose une histoire complète et non plus des recueils d’historiettes. Voilà bien la seule différence par rapport aux précédents opus édités chez Albin Michel, car dans ce tome 5, l’auteur ne perd rien de sa verve corrosive. La petite analyse grinçante et truculente des rapports qu’entretiennent des protagonistes issus de rangs sociaux différents, est toujours jouissive de pertinence et de délires absurdes. On retrouve évidemment le même trio attachant de familles hétéroclites, un peu le même que dans le film La vie est un long fleuve tranquille. En effet, les Poissart adoptent le rôle des prolos ahuris mais honnêtes ; les Landry incarnent les puissants riches arrogants sur lesquels glissent les évènements ; et le couple de médecins qui triche pour emprunter l’ascenseur social, véhicule, ce faisant, la problématique centrale : un voyage organisé et commun en Afrique ! Sous ces douces latitudes tropicales, les Poissart télescopent le cocon consumériste et se croient au paradis (d’où le titre). Madame Landry, en BoBo de service, fantasme une révolution. Quant au directeur, son ambition est tout aussi dévorante que ridicule (évacuer les morts en toboggans…). Bref, du Tronchet pur jus, finaud, bidonnant et bien cynique, pour le plaisir des fans…