L'histoire :
En 1917, en pleine guerre mondiale, le Mahârâja Maharao Raja Raghubir Singh Bahadur profite du désordre mondial pour tenter d’obtenir l’indépendance de l’Inde. Pour cela, il se rend au lac de Côme en Italie. Il veut y pactiser secrètement avec les forces de l’Axe et chasser l’Empire Britannique de son pays. Malheureusement, les services secrets anglais, le MI5, ont eu vent de ce projet. Un tueur professionnel est engagé pour empêcher le Mahârâja de s’allier avec l’ennemi. Le tueur arrive et se positionne dans un hôtel dont la tenancière semble avoir des mœurs bien légères. Cependant, ce n’est rien à côté des effets de l’arrivée du Mahârâja et de sa cour. Le Prince est un débauché qui va initier les dames de l’hôtel au Kâma-Sûtra. Pour couronner le tout, une délégation allemande est présente sur les lieux pour intercepter le tueur anglais et l’empêcher de nuire. Entre parties fines et assassinats, l’agent britannique aura du mal à garder son sang-froid…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one-shot joue sur trois registres : le policier, l’espionnage et la pornographie. Imaginez Blake et Mortimer (travaillant eux aussi pour le MI5) ayant affaire à un Olrik aux mœurs libérées et libertines et vous aurez un tableau assez juste de ce mélange bigarré. L’habileté du scénariste Labrémure est de faire glisser son récit petit à petit en ébats et parties de jambes en l’air. Ainsi, l’intrigue policière dérape rapidement en intrigue coquine : le tueur à gages passe (bien malgré lui) du statut d’espion à celui de voyeur, quand il surveille les faits et gestes du Mahârâja… faits et gestes très intimes et sensuels. Les ingrédients du policier et de l’érotisme sont savamment mêlés : les espions allemands surveillent le tueur anglais, tout en s’accordant des pauses osées… Les hôtels sont des lieux stéréotypés de l’érotisme : les deux gérantes sont des femmes ouvertes et provocatrices, tandis que les femmes de chambre s’adonnent aux plaisirs avec le viril majordome. La pauvre Italienne ingénue Rosemarina (avec un nom à… coucher dehors !) doit en plus affronter le terrible Mahârâja et sa libido sans limites. C’est que l’exotisme de l’orient et son fameux Kâma-Sûtra vont déchaîner les passions et ouvrir les vannes du plaisir. Le Mahârâja est une sorte de moralisateur du sexe qui va apprendre le désir et le plaisir à la pauvre femme de chambre catholique et bien pensante. Il est en plus accompagné d’un sérail très ouvert à toutes les expériences et autres gâteries. Etourdit par cette débauche, on troque vite manipulations et attentats, pour une morale finalement pas si mièvre : faites l’amour pas la guerre (surtout mondiale, comme ici). L’humour côtoie la truculence et aide à faire passer certaines scènes très chaudes. Le dessin est en plus diablement efficace : le trait « pur » dessine à merveille la beauté des femmes tout en magnifiant le charisme animal du Mahârâja. Les couleurs sont douces et très sensuelles : Artoupan peint à merveille sa passion pour l’Inde. Cet album « alléchant » propose donc un scénario riche et malin, sur un dessin très prometteur. On peut juste regretter que l’ensemble soit si court… un peu comme certaines nuits passées en amoureux.