L'histoire :
De nos jours, sur la Piazza des Popolo de Rome, quatre individus en shorts pénètrent dans une joaillerie, coiffés de masques violets de chats. Flingues à la main, ils cassent les vitrines et dévalisent les pièces les plus précieuses de la boutique en 2mn 13 secondes, sur une musique de Deep Purple. Puis ils se sauvent chacun en scooter, dans quatre directions différentes. Le major Livia de Angelis, des carabiniers italiens, écope de l’enquête. Etant donné que les braqueurs ont sévi dans d’autres capitales, elle se met en lien avec le siège d’Interpol, à Lyon. Marie Watteau, autoritaire mais efficace, met aussitôt ses services techniques en branle. Un tatouage est identifié à travers une chemise. Une origine ethnique est déduite : serbe. Une empreinte génétique est trouvée. Marie Watteau se rend dès le lendemain en Italie. A son arrivée elle est furieuse de constater que le major de Angelis a pris une journée de congés ! Elle l’ignore encore, mais la policière a une histoire personnelle à régler avec ce gang lié à la mafia. Elle pense en effet que l’un d’eux est l’assassin de son père. Les deux enquêtrices débutent donc leur enquête dans un climat de méfiance et de défiance réciproque…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fictive bien que très réaliste, cette troisième enquête de l’Agence Interpol peut se lire indépendamment des précédents épisodes de la série. Cette fois, un gang de braqueurs de bijouteries est à l’œuvre à Rome et le recours à l’agence de lutte contre le crime international n’est pas usurpé : les malfaiteurs sont serbes, refourguent leur butin en Chine ou aux Pays-Bas, attaquent aussi Paris et semblent pilotés par la mafia italienne. Ce sont deux femmes qui dirigent l’intrigue, une agent française et une carabinière italienne… et l’album débute par leur rapport de concurrence plutôt houleux. La scénariste Thilde Barboni voulait semble-t-il mettre la gente féminine à l’honneur, au sein d’un registre du thriller d’ordinaire plutôt masculin. Son intrigue joue astucieusement sur de fausses pistes et tire sa plus-value d’une intrigue millimétrée et d’un contexte documenté. Il est juste dommage que l’empathie pour les personnages et leurs enjeux n’accroche jamais vraiment le lecteur… Le poids de leurs ambitions tuerait-il l’humanité qu’ils devraient véhiculer ? L’enquête serait-elle trop technique, avec des acteurs trop « sérieux » ? L’intrigue y aurait sans doute gagné à saupoudrer des zest d’humour ou de légèreté. Le dessin réaliste d’Alessio Lapo, bien que très pro dans son style, ses cadrages et son découpage, donc très agréable à suivre, ne parvient pas à rattraper cette proximité nécessaire avec le lecteur. Reste un thriller efficace… mais sans engouement.