L'histoire :
Jason et Jonas sont frères jumeaux, employés par la Winguard pour leurs dons de medium exceptionnels. Lorsque la recherche d'Alter Ego n'est pas possible avec la base de données de la Winguard, leur rôle devient crucial. Malgré l'injection de traceurs lors des campagnes de vaccination anti SIDA de l'organisation World War To Aids, la base de données des profils ADN est encore loin d'être complète. Les deux frères se voient ainsi confier une mèche de cheveux de la plus haute importance, par un commanditaire mystérieux. Une mission impossible à refuser. Ils s'envolent alors pour les quatre coins du monde, afin de localiser les Alter Ego d'un individu qu'ils ne connaissent pas. Mais lors qu'ils progressent et rencontrent un à un les frères jumeaux spirituels du mystérieux homme à la mèche de cheveux, ils réalisent que les forces en présence ont des objectifs peu avouables. Pris au piège d'un mécanisme plus fort qu'eux, ils vont devoir se soumettre et provoquer des évènements irréparables, ou se révolter et en subir les conséquences. Mais les dés ne sont-ils pas définitivement jetés ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est bel et bien le dernier album de la série qui nous est proposé ici. Alors qu'on pouvait croire, à la lecture de Noah qu'un élément essentiel nous avait été révélé, Jonas nous assène un nouveau coup sur la tête, qui explique de nombreux évènements survenus dans les tomes précédents. Pas question ici d'en dévoiler davantage, mais la confiance que l'on avait placée dans cette série ambitieuse en 6 tomes entremêlés se trouve pleinement justifiée. Comme souvent dans les tomes de conclusion, Jonas n'est pas le plus captivant de la série, car riche en explications et générant la petite frustration du suspense qui se termine. Mais il provoque chez le lecteur une envie irrésistible de se plonger dans les autres volumes de cette aventure très originale, pour les redécouvrir à l'aune de ces révélations. Le dessinateur Emil Zuga, un peu plus sombre que ses prédécesseurs, est parfaitement choisi pour donner de la gravité aux visages de Jason et Jonas. Les contours épais des visages aux yeux durcis sont d'une grande efficacité, sur des décors et des couleurs modernes et réussis. Jonas conclut en beauté une saga qui aura été un défi graphique superbement relevé, faisant intervenir six dessinateurs différents sur les personnages ou les décors. Quant à la prouesse scénaristique, elle sera difficile à égaler. L'architecte Pierre Paul Renders et son compère Denis Lapière ont construit une saga complexe mais parfaitement lisible. Et surtout, sans qu'aucun volume ne déçoive, ce que d'illustres collègues scénaristes n'ont pas réussi avec un tel brio (on pense aux volumes parfois ennuyeux de Voyageur ou d’Uchronies). Heureux le lecteur qui n'aura pas encore ouvert un tome d'Alter Ego : il se prépare des heures de lecture passionnante. Mais surtout, qu'il garde Jonas pour la fin, ce serait trop dommage !