L'histoire :
Jason Newman compte parmi les plus brillants avocats de New-York. Il travaille pour un grand cabinet pour lequel il défend des cas difficiles, jusqu’alors toujours avec succès ! Mais depuis quelques semaines, Jason a un énorme problème d’asthénie (un état de fatigue prononcé), en raison de ses insomnies nocturnes, systématiques et totales. Or un avocat qui somnole au tribunal, au lieu de se battre bec et ongles pour défendre un client accusé de meurtre, ça fait mauvais genre… Il a beau se gaver de médicament, jusqu’à 5 fois la dose, pour essayer de dormir la nuit, mais c’est de pire en pire. Son boss le met en demeure de réagir et sa copine Carol, journaliste pour la presse féminine, ne supporte plus ses crises de nerf. Elle l’envoie consulter un éminent spécialiste des insomnies, le neurologue Philipp Stanford. Contrairement aux autres médecins, qui se sont tous avérés impuissants à régler le problème de Jason, celui-ci l’écoute longuement et très attentivement, avant de lui assurer que sa méthode le guérira. Schémas et radiographies à l’appui, il lui explique la raison mécanique de ses troubles et l’installe sur une sorte de fauteuil de dentiste relié à ses ordinateurs, pour débuter un traitement. Mais la séance se passe mal : Jason souffre et tombe inconscient. Quand il se réveille, il est dans un état second, qui lui permet d’accepter les vagues explications du médecin. Il rentre alors directement chez lui et… dort, 24h durant ! Il se réveille complètement à la bourre pour une plaidoirie importante, il est heureux et a une pêche d’enfer ! Il ignore encore qu’il va subir des effets secondaires aussi surprenants qu’inattendus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joël Callède est un scénariste désormais incontournable dans son genre de prédilection, le thriller. Pour preuve, la mise en place de cette nouvelle série une fois encore alléchante au dernier degré et situé (encore pour le moment) aux frontières du fantastique. Le dictionnaire nous décrit l’Asthénie comme un état de fatigue généralisée de l’organisme. Pour pallier ce symptôme médical précis, une méthode présentée comme radicale va être ici le point de départ d’une spirale destructrice pour le héros, un jeune avocat dynamique et séduisant. Les amateurs de ce type d’intrigue retrouveront certes les ficelles habituelles du suspense (et paf, quand il revient dans les locaux du neurologue, il n’y a plus aucune trace de rien…), mais elles sont habilement manipulées pour une efficacité maximum. A l’instar de la couverture, l’esthétique particulière de l’album fait aussi beaucoup dans le sentiment d’enfermement psy qu’on éprouve en s’assimilant au héros. Les ombres sont profondes, les encrages sont à la fois précis, hachurés et tourmentés, résultat d’un gros boulot infographique. Le dessinateur Roland Pignault, également rompu aux thrillers fantastiques (Arcanes, Pandora Box) emprunte un style réaliste directement inspiré d’une riche documentation photo. Par exemple, le neurologue ressemble beaucoup à l’acteur William Denave (le secrétaire à la défense de 24h chrono) et nombre de décors sont travaillés à partir de clichés (cf. p39, la rue de New-York en demie-page, la plus flagrante). La colorisation sombre de Véronique Sutter joue aussi beaucoup sur l’atmosphère angoissante. Notamment, les séquences en bichromie gris-rouge confèrent une impression décalée idoine aux visions du héros. Un épisode d’exposition particulièrement engageant, à recommander vivement aux amateurs du genre !