L'histoire :
16 septembre 1812. Napoléon et sa Grande Armée rentrent victorieux dans la ville de Moscou, sans rencontrer de résistance. Et pour cause : la ville est vide. Où sont les habitants ? Et les vivres ? Alors que les soldats fêtent la prise de la ville, le soir même, le quartier chinois s’embrase. Le feu gagne vite les maisons de sapin alentours... et les pompes à incendie ont disparu ! C’était un piège. Au matin du 22 septembre, après six jours d’incendie qui a ravagé Moscou, les trois quart de la ville ont été réduits en cendres. Napoléon n’a d’autre choix que d’ordonner le retour en France. Mais l’hiver russe est atroce, et sa cruauté va toucher de plein fouet de la Grande Armée. Partis à 500 000 têtes, ils ne seront que quelques milliers à revenir dans leur pays. Et la bataille de la Bérézina portera le dernier coup à ces hommes, femmes et enfants, épuisés par les conditions climatiques de ce retour...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Bérézina, la suite (quasi) directe de la bande-dessinée La Bataille éditée en 2014 (prix Historia de la meilleure BD historique), Frédéric Richaud (scénario) et Ivan Gil (dessins) continuent de s’attacher aux campagnes de Napoléon 1er au travers de l’adaptation du roman de Patrick Rambaud, Il Neigeait. Et tout comme pour La Bataille, Bérézina s’étale sur 3 tomes, aujourd’hui compilés dans une superbe intégrale proposée par les éditions Dupuis. Comme on pouvait légitimement s’y attendre, cette adaptation graphique est une pure réussite qui retranscrit fidèlement le contexte historique de la campagne napoléonienne de 1812 et de la débâcle qui s’en est suivie, au travers des trajectoires de différents personnages comme le lettré Monsieur Roque, le terrible Capitaine d’Herbigny ou bien la troupe de théâtre dont fait partie la belle Ornella. Petit à petit, la campagne qui semblait victorieuse aux portes de Moscou va prendre une tournure dramatique pour la Grande Armée de Napoléon face au très rude hiver russe et aux attaques incessantes de l’armée du Tsar Alexandre. Fidèle au roman de Patrick Rambaud, l’équipe créative va se focaliser sur cette épouvantable débâcle avec un réalisme cru et sans concession. Ainsi, au-delà des relations entre les différents personnages (l’obsession amoureuse de Monsieur Roque pour Ornella, notamment), le lectorat se retrouve vite au cœur d’une véritable lutte pour la survie des hommes au milieu d’un environnement hostile et glacial. Petit à petit, la fière armée napoléonienne va se transformer en bêtes, puis en larves, jusqu’à à ce que le coup de grâce lui soit portée lors de la bataille de Bérézina, qui contribuera plus tard à précipiter la déchéance de Napoléon 1er... En définitive, cette intégrale de Bérézina se pose d’emblée comme une œuvre majeure qui réussit le tour de force de mélanger personnages historiques et fictionnels au sein d’une des plus terribles débâcles française. Le duo Richaud / Gil a su parfaitement capter l’essence du roman de Patrick Rambaud et retranscrire en images le destin d’une armée en perdition dans le grand froid de Russie, avec un réalisme singulier et un savoir-faire indéniable. Exceptionnel !