L'histoire :
Septembre 1812. Après avoir passé le Niémen en juin, l’armée napoléonienne fond sur Moscou. Sur leur trajet, ils découvrent des maisons vides, des récoltes brûlées, des troupeaux sûrement emmenés. Aucun combat digne de Friedland, Austerlitz ou Wagram pour les soldats, à part à Smolensk et à Borodino, où l’ennemi a vainement essayé de résister. Plus de 110 000 hommes ont quand même laissé leurs vies sur le champ de bataille. Le Capitaine d’Herbigny, qui a perdu sa main droite à Borodino, est impatient à l’idée d’en découdre à Moscou face à l’armée russe. Exténués par ces campagnes, les soldats voient soudain la capitale russe se dresser face à eux. Pourtant, c’est la stupeur dans l’état-major napoléonien : la ville a été vidée de ses habitants. Pas une âme qui vive à l’horizon… à part un groupe de libraires français, allemands ou italiens, une troupe de comédiens, que les russes ont laissé derrière eux. Napoléon est furieux car on lui a volé son triomphe !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Bérézina »… Ce nom est entré dans le vocabulaire français. Il désigne un fiasco retentissant, une déculottée mémorable, une cuisante défaite. Avec ce premier épisode (sur les 3 prévus), on est pourtant encore loin de la défaite. Les troupes napoléoniennes collectionnent ici les succès. Quand elles entrent à Moscou, c’est une ville fantôme qui s’offre à eux. Les russes ont pris soin de vider les greniers à grain. Les français prennent leurs quartiers sans savoir ce qui se trame. Ils sont loin d’imaginer que cette campagne sera le début de la fin symbolisée par Waterloo, le glas de l’Empereur, en 1815. Mais revenons à la Bérézina. Frédéric Richaud s’attaque ici à l’adaptation de Il neigeait autour de la campagne de Russie, de Patrick Rambaud. Cette tranche d’histoire militaire est racontée à travers les points de vue de différents protagonistes : l’Empereur, le Capitaine d’Herbigny, Monsieur Roque… Ce parti-pris narratif apporte de la souplesse au récit, l’éloignant de tous les poncifs du genre : des petites histoires dans la Grande Histoire. Il prend le temps d’installer chaque personnage, tout en explorant leur for intérieur, avec des dialogues percutants et non dénués d’un certain humour. Comme dans la précédente trilogie, Gil s’en sort avec les honneurs. Son trait virevoltant, sublimé par les couleurs d'Albertine Ralenti et d'Elvire de Cock, offre une vraie dynamique à l’intrigue. Même si Napoléon n’est pas votre tasse de thé, vous prendrez un certain plaisir à lire cet album. Et dire qu’il va falloir encore attendre un an avant que le prochain tome sorte…