L'histoire :
En 1900, le jeune Esteban âgé de 12 ans s’est engagé sur un baleinier, le Leviathan, pour une campagne de chasse dans les eaux glacées entre le cap Horn et l’Antarctique. Or, suite à l’opération commando de leur capitaine à bord d’un baleinier concurrent – il a saboté leur moteur – le Leviathan s’est retrouvé pris en chasse par ce vapeur muni d’un canon à harpons. Pensant les semer en se cachant à l’intérieur d’un gigantesque iceberg, le commandant piège son navire dans les glaces. Le baleinier concurrent leur propose un chantage pour leur venir en aide : l’assistance, contre toute leur production d’huile. Le commandant refuse évidemment, et leurs ennemis les abandonnent donc à leur triste sort. Coincé par la banquise, l’équipage décide d’abandonner le Leviathan. Ils débarquent leurs tonneaux d’huile, pour éviter qu’ils ne coulent avec le navire lorsque la glace brisera sa coque. Puis ils trainent 6 barques jusqu’au rivage, emportant de maigres vivres et des couvertures, afin de résister le plus longtemps possible à cet enfer de glace. Esteban prend place dans la dernière barque, avec le commandant qui a décidemment un comportement très paternel à son égard. Mais dès le premier jour de rame, ils sont séparés du reste du groupe par un interminable iceberg qui coupe leur route. Gelés, sans boussole, par une mer démontée, chahutés entre les icebergs, ils sentent leur fin proche…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après deux tomes du Voyage d’Esteban édités sous la bannière Treize étrange, la série profite du rachat de cette dernière collection par Glénat pour partir chez… Dupuis, rebaptisée pour l’occasion juste Esteban. Le périple glacé et initiatique de ce jeune et courageux héros se poursuit donc, dans la mouise intégrale où nous l’avions laissé. Mathieu Bonhomme nous gratifie néanmoins d’une petite préquelle en intro, prenant forme d’un dialogue un peu bizarre entre Esteban et un cormorant, histoire de resituer le contexte aux lecteurs qui prennent le large à ses côtés en cours de route. Le cœur du récit est une nouvelle fois haletant. Plus on partage leurs espoirs de survie, et plus leur situation devient catastrophique. Se sortiront-ils indemnes de ce piège glacé ? Bonhomme a tout compris à la BD : les plages calmes se succèdent aux phases d’action, judicieusement rythmées, impeccablement mises en scène, et son dessin d’une grande clarté est toujours sublime. Car Bonhomme a sans doute le coup de crayon le plus pur du 9e art contemporain, alliage de classicisme, de précision, d’équilibre, sans négliger quelques choix graphiques modernes (encrages et crayonnés mélangés). L’histoire conclut ici assurément un cycle. Mais pour notre plus grande joie, l’éditeur nous rassure : la suite verra le jour chaque année chez Dupuis !