L'histoire :
Londres 1920, Jason Brice, détective privé, est engagé par Theresa Prendergast pour enquêter sur un mystérieux carnet qui annonce son meurtre prochain (mais le carnet est incomplet car il manque la dernière page qui a été déchirée). Celui-ci sera précédé d’évènements mystérieux. En menant son enquête, Jason découvre que ces notes ont été rédigées par Morgan Fatoy, un écrivain disparu 10 ans auparavant et très doué au rayon prédictions. Les signes annoncés se réalisent implacablement les uns après les autres. Ne cédant pas au surnaturel, Jason découvre que c’est le propre frère de Theresa, Alex, qui a mis en scène les signes, pour se venger d’un drame familial dans lequel était impliquée sa sœur. Malgré cela, le dernier signe devant précéder la mort de Theresa se produit. Jason file retrouver Theresa chez elle, dans son manoir. A peine arrivé, il aperçoit une silhouette qui le vise. Croyant avoir affaire au tueur, Jason dégaine et l’abat. En fait, il a tiré par erreur sur Theresa. Mortellement atteinte, elle lui tend la dernière page du carnet, qu’elle venait de retrouver. Jason Brice y est désigné comme l’assassin de Theresa. Afin d’effacer les traces de sa présence sur place, Jason met le feu à la maison, réalisant l’ultime prophétie de Morgan Fatoy. Déboussolé mais pas vaincu, Jason Brice décide de faire la lumière sur cette étrange machination qui va le conduire dans les méandres de la sorcellerie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier tome prometteur, la question était de savoir si le duo Alcante/Jovanovic allait confirmer les espoirs entrevus… La réponse est positive. Ce second volet continue à nous narrer l’étrange destin de Jason Brice à travers une enquête nébuleuse à souhait. Le détective, qui se plaît, par son cartésianisme prononcé et sa maestria intellectuelle, à déjouer les astuces des charlatans, à faire voler en éclats les boules de cristal, tombe cette fois-ci sur un os. Malheureusement pour Jason, la mort de Theresa Prendergast intervenue à la fin du premier tome met à mal tous ses principes et le place, de surcroît, face de ses démons : la guerre de 14-18 pendant laquelle il a combattu et qu’il cherche à oublier dans les fumeries d’opiacées en consommant des substances illicites aujourd’hui. Au fur et à mesure, Jason Brice dévoile ses failles, il passe d’une personnalité hermétique au surnaturel, à un individu submergé. Dans quel but ? On ne le sait pas, mais le dénouement approche. Dans l’île de Coll en Écosse, dans un manoir abandonné, Jason Brice va découvrir quel mauvais tour veut lui jouer son destin… Au scénario, Alcante (nom d’emprunt, mix des prénoms de ses enfants Alexandre et Quentin) n’a pas son pareil pour brouiller les pistes (les ouvrages prophétiques de Morgan Fatoy rythment l’histoire) et insuffler un suspense d’une efficacité diabolique (Mais qui en veut à Jason Brice ? Et pourquoi ?). Ce scénariste est à l’honneur en ce moment avec de nombreuses sorties (Vampyres, Rani…) et projets (il vient d’être choisi pour travailler sur XIII Mystery, où il se focalisera sur le personnage du colonel Amos avec François Boucq au dessin – sortie en 2011). Et que dire de Jovanovic. Son dessin à la fois suranné (limite gravure à la Gustave Doré) et très moderne dans les cadrages, fourmillant de détails nous transpose au début du XXe siècle avec talent. Quand on pense que le point de départ de cette aventure est singulier (un jour, au hasard d'une lecture, Alcante apprend qu'un romancier avait « prédit », 14 ans avant les faits, le naufrage du Titanic), on ne peut que se jeter sur ces deux premiers albums, en attendant le troisième, à l’horizon 2010…