L'histoire :
La cloche a sonné. Il est temps pour ce moine bien gai d'aller chercher son maître. Cela fait trois jours qu'il est en mission sur l'île. Le gondolier qui le transporte n'aime pas ça. Il sait bien, lui, que personne ne revient jamais indemne de l'île. Le maître est là : il attend sur l'embarcadère à l'ombre d'un abri. Ce n'est qu'arrivés sur place que le moine et le gondolier peuvent distinguer le regard de dément et la bave qui coule de la bouche du vieil homme. Pourtant, il embarque, se disant blessé. C'est au milieu du lac que le maître explose de rage. L'embarcation chavire sous les assauts de l'homme, devenant littéralement fou. Le trio y perd la vie... Le seigneur des lieux n'a plus qu'à embaucher un autre aventurier pour en finir avec le mal qui sévit sur cette île. Ce sera cette fois Kogaratsu. Depuis plusieurs années, ce seigneur a isolé sa fille, atteinte d'un mal de l'esprit qui la rend instable et dangereuse, au point d'avoir assassiné sa propre sœur pour s'amuser. Il avait espéré qu'elle y meurt… mais ce ne fut pas le cas. Depuis quelques temps, il a décidé d'en finir. Mais les tueurs à gages qu'il engage y laissent leurs peaux, les uns après les autres. Kogaratsu déclare qu'il règlera cette histoire « du mieux qu'il le pourrait »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est dans un 12e scénario à l’ambiance un peu particulière que Bosse a décidé de lancer son Rônin. Certes, il n'en est pas à son coup d'essai concernant les aventures bizarres, qui se déroulent en un endroit isolé d'où personne ne revient vivant (voir le tome 5, Par delà les cendres). Cependant, l'auteur a rarement atteint un tel niveau de noirceur. L'atmosphère lourde et terrifiante est tellement insupportable que le lecteur est littéralement transporté dans un univers parallèle d'horreur pure. Un vrai coup de génie, quand on s'aperçoit qu'aucun artifice fantastique n'est utilisé pour arriver à ce niveau d'effroi. Evidemment, le graphisme de Mitchez joue aussi pour beaucoup dans cette puissante atmosphère. Le dessinateur s'est lui aussi surpassé, proposant certainement quelques unes des plus belles planches, plus japonaises que nature, de la série. Jouant de manière remarquable avec les couleurs, les ambiances proposées déchaînent les émotions, à la fois naturelles et terrifiantes. Emprisonné dans ce huis clos médiéval japonais, c'est un soulagement pour le lecteur quand tout cela finit par s'arrêter.