L'histoire :
Gladys et Fabrice – mariés, 1 enfant – papotent avec des amis dans le brouhaha d'une soirée dansante costumée. Gladys s'énerve notamment lorsqu'on l'interroge sur la sincérité de l'amour qui la lie à Fabrice et son indéfectible fidélité. Elle ne voit pas pour quel prétexte elle tromperait son mari alors que tout va pour le mieux. Fabrice, qui aime tout aussi sincèrement son épouse, prend à ce moment conscience que le train-train de son couple manque peut-être d'aventure. En discutant avec son collègue, il décide de pimenter son quotidien : lui, qui est un colosse à la pilosité exacerbée, se rase intégralement le corps. Effectivement, quand Gladys s'en aperçoit, dans le lit et dans le noir, elle est interloquée et... toute émoustillée ! Ils font l'amour comme des bêtes. Mais cet épisode réveille en elle comme un trouble... Dans les jours qui suivent, son regard se pose différemment sur les autres hommes. Elle se pose des questions, elle recouvre une « ouverture sexuelle » qui était profondément enfouie en elle. Avec une collègue un peu extravertie, elle espionne notamment un collègue de travail , jusqu'à la porte d'un club privé. Mais qu'est-ce qu'il vient faire là-dedans ? Elle fantasme et se trouve décidément un peu coincée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers ses BD, en général, Gregory Mardon interroge pertinemment sur les comportements humains. Avec les Poils, en particulier, il explore la question de la résistance du couple contemporain face au train-train du quotidien. Le héros, un colosse poilu, ersatz de Sébastien Chabal, ne trouve en effet rien de plus intelligent que de se raser subitement tous les poils (et dieu sait s'il en a !), dans l'objectif de pimenter son couple. Son gentil petit couple est certes pourtant parfaitement heureux, quoique peut-être un tantinet endormi ? Cet acte a priori anodin part d'une bonne intention, mais il a pour conséquence fâcheuse de réveiller des pulsions enfouies chez son épouse (l'héroïne). La grande force de Mardon est de parvenir à narrer cette comédie de moeurs en restant toujours léger, sans voyeurisme et animé de bons sentiments. Notamment, la psychologie des personnages est peaufinée et particulièrement crédible. Tout aussi moderne, le trait de crayon va au plus simple, dans une veine « nouvelle vague » proche de ce que fait Charles Berberian, qui signe d'ailleurs une préface élogieuse. Ce graphisme se révèle d'une grande justesse concernant les postures et les traits d'expression. La narration joue ainsi plus souvent sur le plan visuel : peu de mots sont nécessaires pour expliciter énormément de sentiments à travers le dessin et le rythme auquel il est délivré.