L'histoire :
13 années ont passé depuis l’aventure de Gifford au monastère tibétaine de Chôd Gompa. Définitivement marqué par la culture tibétaine et sa philosophie de vie, le jeune homme est devenu professeur de tibétain dans le New Hampshire. Il n’a jamais oublié la jeune Lhahl, l’amour de sa vie, soi-disant la 5e réincarnation de la divinité protectrice du légendaire bouddha d’azur. Il est resté toutes ces années persuadé qu’elle avait péri sous les assauts de l’armée chinoise, comme ses amis Chogyam et Namgyal. C’est alors qu’un collègue lui présente un article du Times, annonçant que la 5e Lhahl s’apprête à faire une déclaration politique dans un monastère reculé du Tibet ! Il n’en faut pas plus à Gifford pour repartir à l’aventure. Sur place, il ne reconnait plus rien : des rivières ont été détournées, l’armée chinoise est partout et selon les dires des villageois, l’annonce de Lhahl concernerait un sermon d’allégeance envers le régime de Mao. Au monastère, il retrouve néanmoins avec bonheur le vieux sage Guéshé. Avec l’aide de ce dernier, il parvient à déjouer les contrôles des chinois et à s’introduire dans les appartements de Lhahl. Il s’aperçoit immédiatement que cette dernière n’est pas la jeune fille qu’il a connu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une fois de plus en 72 planches, au rythme contemplatif inhérent à la culture dont il est question, Cosey orchestre à nouveau les thèmes qui lui sont chers : la nature, la philosophie tibétaine, l’amour absolu. On rempile donc volontiers pour cette aventure teintée de romantisme, même si le ton se fait ici plus politique. Dans le premier volet, le décor fabuleux que constitue l’Himalaya, trouvait un puissant écho dans l’amitié indéfectible que le jeune héros liait avec les jeunes tibétains ou dans son coup de foudre pour Lahl. Comme le promettaient alors les dernières cases, le ton se fait plus grave pour ce second (et dernier) épisode. Car entre temps, le Tibet a été annexé par la Chine, les belles choses ont été piétinées. Cosey arrive parfaitement à faire passer l’amertume de Gifford, et pas seulement à travers les faits. Par contraste, l’espoir est néanmoins omniprésent à travers sa quête permanente de Lhahl. D’ailleurs, l’auteur pousse peut-être un peu le bouchon en la ressuscitant à plusieurs reprises : à chaque fois qu’on la croit perdue, elle réapparait… Parallèlement à cette quête du grand amour, il s’agit aussi de s’intéresser au cœur du sujet : le fameux bouddha d’azur, tant convoité par les chinois. Sans rien dévoiler des tenants et des aboutissants de l’affaire, il va de soi que ce duo de héros très attachants embarque le lecteur dans leur entreprise, évidemment couronnée de succès. Des cadrages impeccables, un découpage harmonieux, une tension permanente… Peut-être quelques longueurs subsistent-elles (3 planches de bouddhas à travers l’Asie). Mais cela ne perturbe en rien la conclusion magistrale de ce diptyque enchanteur.