L'histoire :
En 1955, un chasseur d’ours égaré quelque part dans les montagnes tibétaines entre par hasard dans une grotte pour y découvrir le mythique et convoité « Bouddha d’azur ». Le pauvre homme est malheureusement grièvement blessé. Il regagne deux jours plus tard la vallée voisine mais ne pourra que succinctement décrire sa découverte avant de mourir. Au moment où le chasseur quitte ce monde, et à l’endroit même de sa découverte, une fillette est retrouvée abandonnée prés du fameux bouddha. Nul doute, pour celui qui la découvre, qu’il s’agit là de la réincarnation de la 5e incarnation de la vénérable Lhahl, gardienne du bouddha d’azur… Huit années plus tard, trompant la vigilance de ses parents, le jeune aventureux Gifford Cardboard quitte l’Inde pour rejoindre le Tibet. Après un périple dangereux au cœur de l’Himalaya, il est sauvé in extremis de la mort par Namkhaï et Chogyam, tous deux pensionnaires d’une lamaserie à Chôd Gompa. Il est très rapidement adopté par la sympathique communauté qui s’amuse à prétendre que c’est le Yéti qui a indiqué où le trouver pour le sauver. Il découvrira cependant bientôt, qu’en fait d’animal poilu, la 5e Lhahl est responsable de son sauvetage. Mais il ne sait pas encore que leurs destins sont intimement liés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lorsque Cosey entrelace si naturellement Histoire, épopée romanesque, mysticisme, poésie ou humanité, il est bien difficile de ne pas s’amouracher du récit qu’il nous conte si facilement. Bien difficile encore, de ne pas, tout comme lui, tomber sous le charme des montagnes tibétaines et de leur population. Aussi son Bouddha d’Azur réussit-il, sans effort, ce subtil envoûtement pour une accroche totale et quasi involontaire à un récit pourtant empreint de quelques défauts. Ainsi, pour distiller l’intrigue, dévoiler le mystère du fameux et précieux bouddha ou ciseler l’histoire de cet amour improbable entre Gifford et la 5e Lhahl, Cosey use de la grosse ficelle : il ne craint ni l’invraisemblable, ni les longueurs, ni le happy end capilotracté. Via une narration fluide, il nous laisse retomber sur nos pattes gentiment. Du coup, on retiendra de cet excellent diptyque son hymne humaniste à l’amitié, sa douce-amère piqûre de rappel historique (invasion et mise sous tutelle du Tibet par la Chine) et son sens inné du romanesque. L’ensemble, qui plus est, ceint dans ce fabuleux Himalaya. Le dessin typique de Cosey, agrémenté d’une colorisation relayant parfaitement les ambiances, participe au savoureux dépaysement proposé. Cadrages, sens de l’épure, rythme ou purs moments de contemplation sont ainsi parfaitement mis en scène. Incontestablement, un beau récit, si impeccablement mis en partition, qu’on en oublie les quelques échardes. A grignoter ici en intégrale Aire libre, pour pourquoi pas découvrir l’immense magie de Cosey.
