parution 10 novembre 2016  éditeur Dupuis  collection Aire libre
 Public ado / adulte  Mots clés Anticipation

Le Passeur

Croyant payer pour « passer » d'un monde en ruine vers le « paradize », un couple se retrouve funestement piégé par des événements baroques. Un énième bain post-apocalyptique pour Hermann... Un peu creux dans le fond, mais efficient pour l'ambiance.


Le Passeur, bd chez Dupuis de H., Hermann
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Grey Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Dupuis édition 2016

L'histoire :

Dans un monde post-apocalyptique terne et gris, un jeune couple – Sam et Samantha – a parcouru des kilomètres à pied, sac sur le dos, jusqu'à un bled en ruine. Ils ont réuni le fric nécessaire à payer leur « passage » vers un certain « paradize »... La promesse d'une société assurément meilleure. Croyant toucher au but, ils se séparent, pour éviter de tomber tous deux dans ce qui pourrait être un piège. A part une boîte de nuit en forme de blockhaus violet, éclairé et moderne, les lieux sont glauques. Il n'y a pas âme qui vive. Samantha garde les sacs et le fric, en attendant que Sam se rende seul, flingue à la main (non chargé, car ils n'ont plus de munitions), au point de rendez-vous. La croix marquée sur la carte correspond à un pub en ruine. Derrière la vitre empoussiérée, Sam aperçoit des hommes immobiles, comme des clones légumisés. A proximité, le téléphone d'une cabine téléphonique sonne. Sam décroche. On lui demande le mot de passe. Sam annoncé : « appaloosa ». On lui rétorque la marche à suivre : écrire son nom sur un papier, laisser ce dernier dans la boîte à gants d'une carcasse de voiture, louer la chambre 123 au Grand View Motel. Puis le lendemain matin, prendre le bus à 6h pétantes. Le couple se rejoint et s'exécute. Entre-temps, Samantha a pu assister au curieux manège devant la boîte de nuit : une luxueuse berline s'est arrêtée, trois gorilles en costards en sont sortis pour escorter à l'intérieur du bâtiment un homme-tronc sur un fauteuil roulant. Elle ignore qu'il ne s'agit pas d'une boîte de nuit, mais d'un lupanar de luxe avec piscine...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Dans ce one shot dessiné par Hermann père et scénarisé par son fils Yves H, tout est question d'ambiance. Les amateurs de Jeremiah ne seront pas perdus, ils retrouveront le même univers post-apocalyptique, aux paysages urbains décharnés, aux ciels gris ponctués de volutes de couleurs criardes, en parfait accord avec l'hiver nucléaire. Hermann semble d'ailleurs faire un clin d'œil à sa série phare, en incrustant en tout petit dans un arrière-plan de case (p.2), Kurdy, Esra et sans doute Jeremiah en tailleur. Comme souvent dans les œuvres de Hermann, le contexte prend le temps d'être cerné. Il est question d'une importante somme d'argent, qu'un couple de héros (aux prénoms quasi similaires !) souhaite filer à un passeur, pour rejoindre le « paradize ». On note que cette lueur d'espoir, dans un monde déshumanisé, donne une lecture nouvelle au nom de la collection « Aire libre ». Cela dit, vous auriez aimé en savoir plus ? Ce ne sera pas le cas : comme souvent dans les scénario de Yves H, des situations glauques s'enchaînent ou s'empilent, avec pour seule intention de susciter le malaise. Le couple se fait évidemment piéger et croise différents monstres humains – des lobotomisés, un homme-tronc, des putes écorchées, un sosie de Slash, l'ex guitariste des Gun's and Roses – et évolue à travers des lieux tout aussi bizarroïdes – un phare au bord d'une falaise, un luxueux manoir en plein désert... Si le sentiment de malaise fonctionne, la succession des événements semble un peu gratuite. Il faut avoir de l'imagination pour trouver une métaphore avec les sordides passeurs de l'actualité politique internationale... mais ce n'est pas interdit, étant donné la tonalité ici kafkaïenne du job. Au détriment d'un fond de scénario plus dense, les amateurs de Hermann se contenteront surtout – une nouvelle fois, hélas – de son dessin en couleurs directes, de ses somptueuses ambiances nocturnes au lavis, de sa science du cadrage et de la mise en scène. Passons.

voir la fiche officielle ISBN 9782800168005