L'histoire :
Au cinéma, le « Piou » se goinfre de pop-corn en produisant un bruit infernal. Or, quand il boit son soda à la paille, c’est encore pire… Tant et si bien que son pote, à côté de lui, pète une durite : il lui hurle dessus et le ratatine en lui refermant son strapontin sur la face. Résultat : à l’hôpital, avec les deux bras dans le plâtre, le Piou fait encore plus de bruit pour avaler sa soupe à la paille…
A la plage, le Piou traverse avec une board sous le bras, une zone où des créatures de rêve se font dorer la pilule… la grande classe ! Toutes le remarquent. Plus loin, dans la zone des surfeurs, les mâles regardent passer ce nouveau rival avec un regard défiant. Enfin, le Piou arrive dans une cabine et… déplie sa planche pour repasser son linge.
Le Piou a choisi son jour pour couper son arbre : le voisin canard a un horrible mal de crâne. Autant dire que la tronçonneuse, il n’apprécie guère. Le Piou sort donc sa scie manuelle, mais… même topo : le bruit de la lame irrite le canard au dernier degré. Le Piou opte donc enfin pour la hache. Mais quand l’outil retombe sur le tronc pour la première fois, ce n’est plus qu’un manche ! Normal, étant donné que dans la gaieté du mouvement, la lame s’est envolée jusque sur le crâne du voisin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Piou, c’est un croisement improbable entre Caliméro, Kid Paddle, Mister Bean et Bob Razowski (le héros cyclope vert de Monstre et Cie). Du premier, il a l’origine ornithologique, du second les inspirations féroces, du troisième l’humour qui déchire, et du dernier l’apparence physique. Ce premier recueil de 48 gags muets (mais riches en onomatopées) fut précédemment publié, au compte-goutte, dans le magazine Spirou. Il présente un nouveau héros un peu (beaucoup) crétin, assisté d’un bestiaire de seconds couteaux tout aussi déjantés que lui (et pourtant faut y aller) et trouve d’emblée le juste ton. Les idées de gags ont été savamment élaborées par Lapuss pour un effet percutant et souvent inattendu. L’auteur cède tantôt aux plaisirs de l’absurde, tantôt à ceux du premier degré (tout aussi jouissif quand il est bien distillé et c’est le cas !), tantôt à l‘humour gore (ahah le baby-sitting ! ahah l’utilisation des poussins !). Le scénariste n’hésite pas à écorner au passage quelques guest stars bien senties : les Schtroumpfs, les Bronzés, et même Lewis Trondheim dans sa célèbre auto-caricature volatile. Mais l’effet zygomatique serait moindre sans le sens de la tronche débile qui tue, asséné par le dessinateur Baba. Son coup de crayon simple mais efficace, colorisé par les teintes vives de Tartuff, s’avère parfaitement adapté au ton déjanté. Bref, un trio d’auteurs aux pseudos tout aussi débiles que leur héros, qu’on espère rapidement retrouver dans un futur recueil de gags bidonnants…