L'histoire :
Un chef de guerre balte, barbare, surnommé le Live Noir, a eu une révélation divine. S’emparant d’une puissante armée, faisant alliance avec d’autres seigneurs chrétiens, il s’en est allé délivrer la terre sainte des mahométans. Durant l’expédition, il croise la route du jeune Hermance Languedolce et il « lit » en lui qu’il est le nouveau messie ! Il l’emmène donc de force dans sa croisade, s’apercevant au passage qu’il est un vecteur indispensable à l’extraordinaire pouvoir de guérison instantané du jeune homme. A présent, la puissante armée traverse la Turquie et collectionne les batailles sanglantes et les pillages, ne laissant derrière elle que sang et cadavres. Une rivalité guerrière s’empare pourtant des Seigneurs chrétiens, pour le contrôle des capitales proche-orientales. Live Noir et Bohémond de Tarente décident donc d’emmener leur troupe via un chemin montagneux, pour être les premiers devant Antioche. Chemin faisant, Live Noir s’allie – aussi bien militairement que dans la couche – avec la farouche princesse Istvana, à la tête d’une redoutable armée de tziganes, les Tafurs. Et puis pour galvaniser ses hommes découragés par tant d’obstacles, il peut toujours compter sur un miracle spectaculaire d’Hermance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’instar du premier opus, cette épopée historique guerrière prend l’apparence d’une succession de combats barbares, tous plus cruels les uns que les autres. Chaque séquence rivalise en effet d’horreur : combattants découpés en deux dans la largeur, dans la hauteur, crânes pourfendus à coups de haches, charrettes bondées de morceaux humains… On entendrait presque s’entrechoquer les épées et gicler la cervelle. L’album refermé, on est soulagés de ne pas avoir les mains rouges et poisseuses. Drôle d’intention que celle de Philippe Thirault, qui scénarise ici un récit sérieux, au paroxysme du couillu, sur un rythme une nouvelle fois très linéaire, entassant les faits d’armes, les hectolitres de sang et les macchabées. Cela dit, l’hémoglobine inspire le dessinateur Lionel Marty, qui rivalise une nouvelle fois de talent et de précision pour livrer des vues panoramiques de sièges ou d’assauts, de mouvements de troupes en armures, des scènes détaillées, rougeoyantes, homériques et très impressionnantes. Sur ce fond de croisade et de viscères, on suit aussi la destinée plus intime d’un trio de protagonistes aux relations troubles. Live Noir est un pur warrior qui se repaît de sang (y compris du sien), tandis qu’Hermance, un peu ingénu et rebelle sur les bords, dispose d’un pouvoir de guérison fulgurant super pratique. Tous deux sont rivaux concernant la farouche Istvana, princesse gothique option SM… Ainsi, les carnages sont-ils parfois ponctués de guérisons spectaculaires (avec moult éclairs partout) plus proche des contingences de l’heroïc-fantasy que d’une « campagne religieuse » historiquement crédible. Au sortir de ce nouveau bain de sang, les destinées s’annoncent bien tourmentées pour les 3 tomes restants…