L'histoire :
Le 4 juin 1098, sur sa route sanglante vers Jérusalem, après une éprouvante traversée de l’Anatolie et au terme d’un siège interminable, l’armée de la première croisade a réussi à s’emparer d’Antioche. Seule la citadelle, tout en haut de la ville, a résisté aux armées des seigneurs chrétiens. Bohémond de Tarente et Raymond de Saint-Gilles ont toutefois d’autres préoccupations : ils sont à leur tour déjà assiégés par une coalition des troupes de 28 émirs ! 100 000 hommes, sous les ordres du général Kurbuqa, se mettent à attaquer. Heureusement, les turcs n’ont pas la même expérience des prises de villes fortifiés. Les chrétiens repoussent inlassablement leurs assauts menés à partir de maigres échelles. Néanmoins, la famine commence à faire des ravages à l’intérieur des remparts. En élucidant un faux cas de peste, le chevalier Karlis, alias le Live noir, parvient en un tour de force à redonner confiance aux troupes. Hermance Languedolce a quand à lui arrêté de produire des miracles, comme si ses sentiments pour Istvana, la princesse des guerriers Yafurs avait annihilé ses dons. Malgré sa foi, Karlis est d’ailleurs torturé par cette idylle, lui qui avait été le premier amant d’Istvana…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Le rêve de Jérusalem, Philippe Thirault livre une vision des croisades plus proche de la fantasy guerrière et gore que de la réalité historique. En effet, les armures sont ici anachroniquement importées du XVIIe siècle, les guerriers sont systématiquement exaltés comme des berserks et les affrontements tournent inlassablement aux carnages, avec épandage d’hectolitres d’hémoglobine. Néanmoins, le siège d’Antioche est authentiquement réputé pour être le climax de la première croisade et en ce sens, les auteurs livrent dans ce tome une version héroïque largement à la hauteur du mythe. De nombreuses planches muettes, détaillées malgré l’obscurité et les conditions météorologiques épouvantables, nous placent au cœur d’un spectacle aussi atroce que fascinant. A ça c’est sur, Lionel Marty n’est pas du genre à se satisfaire des petits miquets de blogosphère dessinés en 3 coups de cuillère à pot. Son truc à lui, c’est plutôt les champs de batailles dantesques et détaillées, avec des centaines de belligérants en armures qui se pourfendent à coups de hallebardes et d’épées à deux mains. Des concepts aussi antinomiques que la chair et le métal, la foi et la hargne sont ici de nouveau en fusion et portés à leur paroxysme. Ce troisième épisode de cette épopée guerrière et mystique semble aussi le plus cartésien. Ça risque de changer pour le 4e et dernier opus – publié conjointement à ce tome 3 – qui verra nos héros parvenir enfin à leur objectif, Jérusalem…