L'histoire :
Le royaume assiste au départ de la princesse Cécile pour le royaume de son fiancé, l’Arbédie. Les princes sont donc tout tristes de ne plus avoir personne à embêter… Aussi le roi leur offre-t-il un bijou de technologie moderne en guise de nouvelle distraction : une arquebuse ! Aussitôt, avec ce mini canon portatif, les jumeaux se mettent à tirer les petits oiseaux depuis la muraille du château. En revanche, un sujet du royaume est amère devant cette invention : Maître Marcel, le fabriquant d’épées pour lequel travaille François le forgeron. Car Thibault le bouffon (et comptable) le prévient que dorénavant, avec ces armes révolutionnaires, le royaume se passera de ses livraisons régulières. Marcel s’essaie alors à une commercialisation d’armes en masse (et de masses d’armes) auprès des habitants… mais en vain : le royaume est bien trop tranquille pour que ses sujets ressentent le besoin de se barder. Marcel passe donc à la vitesse supérieure en engageant secrètement deux brigands, Raoul et Robert, qui seront chargés, la nuit venue, d’effrayer un chouya les habitants. Mais lesdits bandits prennent un plaisir croissant dans cette fâcheuse besogne, d’autant que la garde royale est vraiment inoffensive. Raoul et Robert poussent le bouchon jusqu’à ligoter tous les gardes à poil… puis appellent des copains brigands pour s’emparer carrément du royaume…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce cinquième épisode, Benoît Feroumont remet en question la tranquillité invraisemblable de son Royaume bon enfant. En effet, pour relancer son commerce d’armes blanches, menacé par l’invention des armes à feu, Maître Marcel a la géniale et stupide idée de recruter des brigands. Car sans brigands pour affoler les habitants, pas besoin d’armes, CQFD. Toute la clique des personnages attachants aux tronches expressives se greffe à cette problématique, l’héroïne Anne en tête, qui se retrouve obligée d’épouser le nouveau roi autoproclamé du Royaume, Raoul 1er (un des brigands). L’air de ne pas y toucher, tout en déroulant une aventure ultra plaisante pour un public de 7 à 77 ans, Feroumont titille un sujet de tous temps actuel et sensible sur la scène diplomatique internationale : la realpolitik des pays producteurs et exportateurs d’armes. Nourrir la guerre reste encore aujourd’hui le moyen le plus sûr de prospérer dans le domaine. Seul petit bémol par rapport aux précédents volets : on dirait bien que Feroumont a sensiblement augmenté la quantité de dialogues (toujours jouissivement enchevêtrés), dont certains ne s’imposaient pas. Or plus de phylactères = moins de place pur le décor ! Allez pas grave : au sein du catalogue Dupuis, le Royaume reste une des séries au long cours (une rareté !) les plus rafraîchissantes de ces dernières années. Oyez !