L'histoire :
Les moments que chacun passe dans les transports en commun relèvent d'instants comme placés hors du temps, coupés du monde. Ils sont propices à l'évasion, à la réflexion, mais aussi à l'assoupissement. Emmanuel Guibert a profité de ses voyages en transport en commun pour pratiquer le dessin d'observation. Il s'est surtout intéressé à des modèles en train de dormir, partis ailleurs pour quelque temps. On appelle le sommeil « la petite mort », et le dessinateur s'est donc arrêté sur cette expression, pour la mettre en perspective avec ses dessins. Figés, ils montrent des individus en pleine sieste. Mais le lecteur ne voit ni leur poitrine se soulever, il n'entend pas le bruit de leur respiration ou de leur ronflement. Sur ces dessins, ils pourraient paraître morts. Alors Emmanuel Guibert associe ses esquisses à des textes autour de la thématique de la mort. Embarquement immédiat, pour un ouvrage mêlant textes et dessins, sommeil et mort.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Emmanuel Guibert, auteur des bandes dessinées Le Photographe ou encore de La guerre d'Alan, récompensé par le grand prix d'Angoulême en 2020, sort un second recueil intitulé Légendes. Dans le premier volume, il proposait un recueil de dessins réalisés dans les musées, auxquels il ajoutait des légendes autour des œuvres d'art. Cette fois-ci, il change de domaine. Il garde le même procédé, à savoir une présentation de croquis et de dessins agrémentés de réflexions personnelles et philosophiques, mais il s'intéresse aux passants assoupis dans les transports en commun. Utilisant des techniques classiques, celles qu'il avait à disposition en étant lui-même dans ces transports, il capte ces instants d'endormissement et les fixe sur son carnet à dessin. Chose assez étonnante, toutefois : il ne base pas ses textes sur une réflexion sur le sommeil, mais sur la mort. Il partage ses propres expériences du deuil, les sentiments qui l'ont traversé, mais aussi des lieux qu'il associe à la mort. L'ouvrage hybride alterne donc des textes bruts, chapitrés, avec des croquis plus ou moins précis, qui se lit de façon indépendante du reste de l'œuvre de l'artiste, et du précédent volume.