L'histoire :
Le 12 octobre 1492, après 33 jours de mer en maintenant cap plein ouest, les 3 caravelles de Christophe Colomb ont enfin un rivage en vue. Persuadé d’avoir atteint les Indes, l’aventurier débarque dès le lendemain matin sur le rivage exotique, tenant fièrement l’étendard espagnol en main. Il pose le pied sur la plage… et s’écroule, le thorax transpercé par une flèche. Ils sont attaqués par les indiens, c’est la débandade. Les espagnols rembarquent, font demi-tour et ne sont pas prêts de retenter un pareil périple. Bien des siècles plus tard et néanmoins au même moment… Dans une station orbitale, l’agence Ukronia surveille l’intégrité de l’Histoire passée et repère aussitôt ce nouveau départ d’uchronie. C’est une urgence de niveau 5 : si Colomb est tué, l’Amérique n’est pas découverte ! Le calcul de dérivation aboutit alors à un recul civilisationnel monumental ! Le général Edison ordonne donc qu’une équipe d’agents « redresseurs » intervienne. Or il ne reste plus que Dagobert Kallaghan de dispo, caractériel et incontrôlable. Pour canaliser ses ardeurs, on lui adjoint un jeune diplômé, Stuart Montcalm. Leur mission : convaincre Isabelle de castille de financer une nouvelle expédition emmenée par le Capitaine Pinzon, adjoint de Colomb, afin de raccrocher les wagons de l’Histoire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Initiée par La machine à explorer le temps d’H.G.Wells, l’idée de « refaire l’Histoire » est plus précisément apparue avec Barjavel et son Voyageur imprudent. Néanmoins, la mission de nos héros n’est pas ici d’empêcher que des évènements néfastes se produisent, mais plutôt d’empêcher que l’Histoire diverge radicalement de celle qu’on connaît. Car en raison d’un phénomène encore nébuleux dans cet épisode pilote, c’est hélas ce qui va régulièrement se produire dans cette nouvelle série. Première problématique : il faut à tout prix découvrir l’Amérique… Tablant sur ce pitch sympatoche, Kris et Bruno Duhamel fichent donc les paradoxes temporels sous le tapis et sans scrupule, nous font transiter de galions espagnols en stations orbitales. A l’image de Blutch et Chesterfield des Tuniques bleues, leur duo de héros est constitué de deux loosers de service… Mais ces deux là ont encore besoin de faire leurs gammes dans le registre de la loose (et des vannes) pour convaincre pleinement. Le synopsis est donc sans prétention, mais le scénario costaud : Kriss a pris soin d’étayer bien en amont son intrigue, de soigner les dialogues et il en garde beaucoup sous le coude, pour ce qui pourrait devenir une chouette série au long cours. Visiblement, les périples temporels sont ici prévus pour adopter un rythme en diptyque… or en matière de points uchroniques sensibles, il y a de quoi décliner ! Il est à souligner que l’auteur se frotte pour la première fois au registre de la série d’aventures tout-public, comme le 9ème art a tant su en engendrer dans les années 70. Il s’appuie également sur l’un des plus beaux coups de crayons du dessin humoristique semi-réaliste. Duhamel déroule en effet tout son talent, pour initier une série prometteuse à laquelle on souhaite le meilleur…