L'histoire :
Le jour de son 53e anniversaire, Philippe Manche apprend qu’il est licencié. Rapidement, tout s’écroule, tel un château de cartes : il n’a droit à aucune indemnité, doit quitter illico son logement de fonction et laisser sa chemise aux huissiers. Tout allait si bien... Tout va si mal, que le quinquagénaire se laisse sombrer peu à peu : barbes et cheveux envahissent le visage ; cadavres de bouteilles le tapis du salon. Heureusement, le bonhomme n’est pas seul. Outre ses enfants, il peut compter sur Fabrice, un ami médecin. Peu à peu, il remonte la pente, obtient un petit boulot (qu’il ne garde pas longtemps…). Surtout, grâce aux conseils avisés de son toubib, il parvient à trouver une combine pour empocher un énorme chèque. Cerise sur le gâteau : sa fille le fait grand-père dans la foulée… C’est d’ailleurs en promenant son petit-fils qu’il fait la rencontre de Robert, un drôle de personnage, libraire de son état et grand amateur de vin. Ne crachant par sur ce type de liquide, Philippe se laisse convaincre par une petite démonstration, dans laquelle le commerçant, comme on le fait pour la cuisine, marie à merveille passages littéraires et dégustation de grands crus. Le résultat est des plus probants, même s’il occasionne une jolie cuite à notre héros. L’abus tombe mal, car notre père de famille est convoqué au Lycée pour son dernier garçon : réorientation couteuse, dans une école hôtelière de province, il y aura. Philippe a, certes, de l’argent, mais il lui faut vite trouver quelque chose à faire. En accompagnant son fils à Bordeaux, dans le train, il lui vient une idée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome était une jolie surprise. Une petite bouffée d’oxygène, dosée aux molécules d’optimisme qui, malgré la thématique à priori douloureuse du récit, n’avait laissé aucune place à l’apitoiement. L’opus aurait d’ailleurs très bien pu se suffire à lui-même. Mais c’était oublier que, comme les lecteurs, les auteurs s’étaient si parfaitement attachés à la famille Manche et à leurs amis, qu’ils ne pouvaient s’empêcher de s’offrir une petite prolongation... On retrouve donc notre quinqua – viré malproprement et ayant de justesse évité la grosse déprime et la clochardisation – toujours amoureux du bon vin, nouveau grand-père et entouré de son « clan ». La clôture de la première partie enclenchait le rebond du destin de notre héros, via le stratagème qu’il avait imaginé avec son ami médecin. On pouvait penser qu’ici, la trouvaille allait guider la suite du récit. Il n’en n’est rien. Philippe continue simplement de vivre et d’aimer. Coiffure ferroviaire, barmaid aux yeux verts, mas du bordelais, réorientation du gamin, nouveau copain s’enroulent simplement autour de lui, guidant un art de vivre qui donne la leçon. Pas besoin d’extravagances, d’intrigues anxiogènes, de fioritures, pour se laisser aller dans cette balade gonflée d’humanité. Certes, tout cela semble un chouya facile. Mais bon sang que ça fait du bien ! La réussite de l’ensemble tient pourtant à peu de choses : un dessin bien cadré qui fait l’effort sur l’émotion et la douceur ; des dialogues et textes à la fois touchant, drôles, profonds… Evidemment, surtout, la composition tout en richesse des personnages : un par un attachants. Après le médecin, c’est ici Robert, inventeur de l’oeno-littérature, qui emporte le César du meilleur second rôle. D’ailleurs, cinéastes de tous poils, vous avez là un truc bétonné pour nous faire une comédie sociale aux petits oignons. Avouez que vos confrères du 9e art vous ont gentiment mâchouillé le boulot. Leur bouquin ressemble déjà à un film à succès…