L'histoire :
Ce soir, Philippe fête en famille ses 53 ans. Bien que divorcé, sa femme, ses fils, sa fille et sa mère sont là et se sont cotisés pour lui acheter un vélo top-moderne. Tandis que les coupes de champagne trinquent, le téléphone sonne. Alex, le fils, répond. C’est le patron de l’agence où travaille son père, qui insiste pour lui parler. Philippe prend le combiné, raccroche et fait grise mine : il est viré. Si cette nouvelle ne le réjouit guère, ses proches le réconfortent aussitôt : il n’en pouvait plus de ce job, et puis après 27 ans de boîte, les indemnités de licenciement vont être royales, sans compter les assedics à 54% d’un bon salaire… Trois ans de temps libre, avec du fric, à faire du vélo, c’est carrément bonnard ! Le lendemain, il essaie son nouveau vélo en compagnie d’Alex, de son pote médecin Fabrice et de Madelin, jeune entrepreneur dynamique et arrogant. Ça se termine à l’hôpital, avec un bête point de côté. Dans les jours et semaines qui suivent, c’est la déchéance. Son ex-compagnie ayant délocalisé en Hongrie, il devient impossible d’obtenir ses indemnités voire même de justifier les points de retraite de tant d’années. Philippe se met à boire, se néglige, se laisse pousser la barbe… Les huissiers viennent saisir ses meubles et il doit rendre les clés de son appartement de fonction
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Que ceux qui se réjouissaient à l’avance de retrouver Cécile ou Jeanne, les si charmantes frangines héroïne du Sursis ou du Vol du corbeau calment leur joie : le retour de Jean-Pierre Gibrat dans la collection Aire libre se fait ici par le biais du scénario… Mais un scénario néanmoins profondément humain, qui met en exergue la déchéance sociale d’un quinqua jusqu’alors titulaire d’une vie stable et prospère (youpla boum). Gibrat imagine en effet un scénario catastrophe extrême : les circonstances semblent s’être incroyablement liguées pour parvenir à enfoncer Philippe au fond du trou ! Mais seule importent le résultat et la démonstration : on choisit rarement sa propre déchéance, qui arrive généralement sans crier gare. La problématique posée, la suite de l’album se concentre alors sur la déliquescence sociale et personnelle de ce héros ordinaire : le soutien des proches, les moments difficiles, les autres plus heureux et une arnaque finale moralement salutaire. Le dessin de Christian Durieux est simple, moderne et parfaitement adapté au ton de cette tragi-comédie peuplée de personnages très attachants. Si cet album peut se lire comme un once-shot, il sera néanmoins suivi d’un second volet, à paraître…