L'histoire :
En mai 1967, Yveline Falairac fête ses 19 ans. Elève studieuse, elle rêve de quitter son village natal pour rejoindre Paris et y poursuivre ses études. Elle se prépare à partir et à laisser son amoureux et sa meilleure amie, Monique, la fille de l’entraîneur de l’équipe au sein de laquelle son frère joue. Mais pas facile de quitter sa terre, emprunte de toute son enfance. Et surtout de quitter le rugby, sport ancestral et ancré dans les villages environnants. Dans ce pays, le rugby est une religion, au point que le curé est l’entraîneur de l’équipe du village d’en face. Ces deux villages, que tout (ou presque) oppose. A Castelnau comme à Larroque tout le monde est très impliqué autour du rugby : l’instituteur, les petits patrons, les commerçants et les familles. Les deux villages ont chacun leurs clans, ils se chamaillent sans cesse. Chacun défend son club malgré les défaites répétées. Pourtant, en mai 67, c’est en grandes pompes que les villageois de Castelanau-sur-Garonne et Larroque avaient fêté la victoire de Montauban avec une 3ème mi-temps très arrosée et une fête en lieu neutre au milieu du pont. Cette victoire tant convoitée a laissé dans les mémoires des envies de vaincre et de gagner. Mais voilà, au grand désespoir des anciens, la nouvelle génération n’a pas la niaque et la détermination qu'avaient leurs aïeuls sur le terrain. On est à la veille de l’année 68 et la jeunesse désireuse de vivre autre chose, commence à vouloir s’affranchir du pays et des traditions. Sans compter que les échecs successifs lors des matchs ne les motivent pas à se surpasser. Que leur faudrait-il pour retrouver la motivation et gagner la confiance de leurs aînés ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce premier opus d’une trilogie à venir, on découvre le quotidien d’un village à travers les yeux d’Yveline, fille d’une respectable famille de notables de la région. Ici au scénario, Jean-Louis Tripp s’inspire de sa propre enfance pour écrire cette histoire. Il est accompagné d’Aude Mermilliod, avec qui il a déjà collaboré dans le passé, en général sur des thèmes sociétaux et contemporains. Horne est aux crayons, avec un trait qui rappelle parfois celui de Tripp, notamment avec un nez des personnages souvent imposant. Les dessins sont colorés et le Sud-Ouest est joliment mis à l’honneur. Le découpage suit une progression mensuelle avec, à chaque nouveau mois, un rappel historique et des dates clés, en noir et blanc. Ce joli témoignage du temps se calque sur la vie campagnarde de l’époque, avec d’un côté le passé – les restes de la guerre, la pression sociale, les choix politiques de certains, boudés par d’autres – et de l’autre, l’avenir avec le début de l’émancipation de la nouvelle génération, le départ pour certains puis le retour au bercail pour d’autre, dans un terroir ou les coutumes sont profondes et essentielles. C’est un récit touchant et réaliste, une belle aventure humaine, une ode au sport collectif qui réunit, fédère et insuffle des valeurs importantes. On a hâte de découvrir les autres volumes.