L'histoire :
Victor Tourterelle est mort. Comme bien d’autres, il a traversé le vide de l’espace sidéral, perdant au passage son enveloppe charnelle, et s’est retrouvé au purgatoire sous forme de squelette. Dans ce monde gris et sombre, d’une désolation sans nom, ils sont des milliards de carcasses rapiécées à subir cette attente éternelle. Mais Victor, rebaptisé Mardi-Gras Descendres en raison de la date de son décès, refuse sa condition post-mortem. Après avoir hurlé publiquement sa révolte, il est arrêté par les autorités de Sainte Cécile, ville gigantesque où s’entassent ces squelettes désenchantés. Il trouve toutefois le moyen de s’enfuir et de rejoindre un groupe de clandestins appelé « la Corniche ». S’enorgueillissant de quelques privilèges, ces derniers l’incitent à se lancer dans un projet fou : établir une carte du purgatoire. Ils sont près à se plier en quatre pour que Descendres, ancien cartographe de son vivant, se lance dans cette entreprise titanesque. Ils mettent alors à sa disposition quelques compas poussiéreux et un instrument de mesure gigantesque : le télescope de Charon, qui sert depuis des siècles à l’affectation des nouvelles incarnations terrestres.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Réédition du deuxième volet de cette série d’humour métaphysique orchestré par Eric Libergé. Son héros, Mardi-Gras Descendres, sera t-il donc le premier quidam à cartographier le purgatoire ? Si le premier opus était remarquable d’originalité et de cynisme, ce second volume a tendance à se perdre en conjectures abstraites et nébuleuses. En versant dans l’obscurantisme des autorités post-mortem, le récit perd son sens de l’humour pour faire place à un imbroglio souvent impénétrable et… un peu prétentieux. Le conte fantastique reste néanmoins superbement dessiné, quasiment en noir et blanc. Les décors dantesques et le sentiment d’amertume générale, véhiculé par des personnages atrabilaires, ont tôt fait de déprimer les plus optimistes ! Mais l’angoisse qui se dégage de la BD n’est dorénavant plus atténuée par la découverte des subtils détails d’un milieu décidemment bien triste. Le prochain volume sera également réédité dans la nouvelle collection Empreinte(s) avant la fin 2004, tandis que l’on annonce un dénouement inédit, à paraître au cours du premier semestre 2005.